Le procès des militaires invalides interpelés lors de leur manifestation s’est tenu, hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Poursuivis pour «participation à un rassemblement illicite et mise en danger d’autrui», quatre d’entre eux ont été condamnés à un mois de prison assorti du sursis pour «violences et voies de fait» sur un agent de la force publique dans l’exercice de sa profession. Il s’agit de Doudou Sy, Ousseynou Fall, El Hadji Mamadou Nago Guèye et Abdou Achim Diouf, tous des anciens militaires. «Les agents des forces de l’ordre ont été informés de la manifestation non autorisée des anciens militaires. Ainsi, ils sont venus encercler le siège où la manifestation devait se tenir. Ils ont interpellé certains membres avant que cela ne dégénère. C’est là qu’ils ont allumé des pneus avant de les jeter sur eux. Le commandant a déclaré avoir été frappé par Ousseynou Fall», rappelle le procureur dans son réquisitoire.
Ce même commandant avait reçu, d’après les dépositions, une bouteille d’essence allumée par Doudou Sy. Heureusement, soutient le procureur, il l’avait esquivée avant son explosion. Entendu, poursuit-il, Ousseynou Fall avait reconnu avoir administré un coup de poing au commandant. Selon le représentant du ministère public, le prévenu avait soutenu qu’il s’agissait d’une riposte car le commandant a été le premier à lui administrer un coup. «J’aurai compris que ces actes soient commis par des citoyens lambda. Tel n’est pas le cas. Ils sont des citoyens avertis car ayant porté les couleurs du drapeau. Pourquoi ils s’adonnent à de tels actes sans autorisation, cela est inadmissible dans ce pays», déplore-t-il. D’après lui, ces actes ne sont pas à encourager. C’est pourquoi il avait requis un an de prison dont un mois ferme contre tout le monde pour «violence commise sur un agent assermenté dans l’exercice de sa profession». Il avait demandé une relaxe pour le délit de participation à une manifestation non autorisée.
A la barre, les prévenus sont largement revenus sur cette journée fatidique. Ils accusent les forces de l’ordre de les avoir provoqués. Selon eux, si elles avaient encadré la marche, celle-ci n’allait pas dégénérer. «On avait jeté les pneus en flammes sur les policiers pour les disperser afin que nous puissions sortir et manifester. On a interpellé nos camarades avant même qu’on ne commence notre point de presse», relate Doudou Sy, ancien militaire demeurant à Rufisque.
Salif KA