Pouvoir et opposition en chœur, le temps d’un deuil. Le pouvoir n’a pas brillé par son absence lors de la levée du corps du défunt directeur de publication de WalfQuotidien.
Il a été massivement représenté, avec notamment la présence de Mahmout Saleh (Directeur du cabinet politique du président Macky Sall), de Abou Abel Thiam (un proche collaborateur du président de la République Macky Sall), de Me Djibril War, d’Alassane Cissé (de la coalition Macky2012), d’Abdoulaye Baldé (maire de Ziguinchor) ainsi que de l’ancien ministre Yoro Deh. Tous ces proches du chef de l’Etat, Macky Sall, sont venus rendre un dernier hommage à l’homme de presse qui a quitté ce monde dimanche dernier au Maroc, à l’âge de 65 ans. Certains sont venus représenter officiellement le gouvernement, d’autres l’ont été en ce sens, semble-t-il, en leur nom propre, compte tenu des rapports qu’ils entretenaient avec le défunt. A l’instar des Républicains et des membres de la coalition Benno Bokk Yaakaar, les libéraux ont aussi massivement fait le déplacement et ont prêté main forte à WalFadjri et à la famille du défunt. Parmi eux, on pouvait noter la présence de Me Madické Niang, Ousmane Ngom, Habib Sy, Cheikh Tidiane Sy et d’autres encore. On constate également la présence d’anciens libéraux ayant rejoint le camp du pouvoir, à l’image du maire de Ziguinchor Abdoulaye Baldé, de Souleymane Ndéné Ndiaye, entre autres.
ME MADICKE NIANG, ANCIEN MINISTRE
«Abdourahmane Camara était un ami, un frère. Nous sommes tous originaires de Saint-Louis. Nous avons fait ensemble le lycée Charles De Gaulle. Nous étions très liés. Sidy Lamine Niass, Abdourahmane Camara et moi avons partagé énormément de choses. Je ne l’ai jamais appelé par son nom propre, mais plutôt Camou. Il m’arrivait même de le taquiner en l’appelant «boy bandit». C’était un homme sérieux, travailleur. Un homme qui avait sa conscience en bandoulière et aimait sa profession. Il était un homme d’une très grande fidélité et d’une constance avérée. Il a été aux côtés de Sidy Lamine Niass du début jusqu’à la fin. Au moment où Sidy n’était plus de ce monde, Camou a accompagné pendant un an ses héritiers. On n’a jamais vu Camou être empêtré dans des histoires de chantage à travers sa plume. Il reflétait sa conscience dans ses écrits. Il a été un talentueux journaliste d’investigations. Il a signé avec Tidiane Kassé un ouvrage sur l’affaire Babacar Sèye. C’est une grosse perte pour le monde des médias. Nous entretenions des relations exceptionnelles».
SOULEYMANE NDENE NDIAYE, ANCIEN PREMIER MINISTRE
«Je garde d’Abdourahmane Camara le souvenir d’un excellent journaliste. Il était calme et très rigoureux. C’est une grosse perte pour la presse sénégalaise. Je présente mes condoléances à ses deux familles biologique et professionnelle. J’ai connu Camou il y a une trentaine d’années. J’ai gardé de lui le souvenir du professionnel qu’il était. Il était un bon journaliste qui ne se contentait pas à de simples commentaires. Il traduisait fidèlement les propos qu’il recueillait. Il a tout ce qu’il y a de mieux dans ce métier, le sérieux, la sincérité, la loyauté, la courtoisie, etc. Je l’ai rencontré plusieurs fois. La dernière fois que nous nous sommes vus, c’était à l’occasion du décès de Sidy Lamine Niass. Je connais certains membres de sa famille, notamment le professeur Jacob Ndiaye, Me Youssoufa Camara, un confrère».
OUSMANE NGOM, ANCIEN MINISTRE
«Abdourahmane Camara est quelqu’un qui nous est très cher. Nous avons perdu un grand journaliste qui avait beaucoup de talent. Nous avons aussi perdu un combattant de la liberté. Au-delà de tout ce qu’on peut dire, lui et moi avons partagé beaucoup de choses dès l’aube de sa carrière. Camou avait une probité intellectuelle morale que tout le monde lui reconnaissait. Au-delà de la presse, c’est la nation sénégalaise qui vient de perdre un digne fils. Il avait un commerce facile avec tout le monde. Au début des années 80, alors qu’il venait tout juste de sortir du Cesti, nous avions ensemble lancé le quotidien Takussan où il jouait un très grand rôle. Nous avions comme compagnons Mademba Ndiaye, Tidiane Kassé, Ibrahima Cissé, Mamadou Oumar Ndiaye, Pathé Mbodji, etc. Nous avons, pendant les années de braise, mené le combat pour la démocratie et les libertés. Il a subi comme les responsables que nous étions les affres des forces de l’ordre parce qu’il était fondamentalement contre l’injustice, au-delà même de son professionnalisme avéré et de son engagement patriotique».
DOUDOU WADE, ANCIEN DEPUTE
«Abdourahmane Camara fait partie de ces journalistes qui ont fait une carrière relativement longue et qui n’ont jamais eu maille à partir avec la Justice, qui n’ont pas reçu des plaintes sur leur travail. Ces 20 dernières années, il faut reconnaitre que des journalistes ont été toujours attraits devant la barre. Très souvent, malgré les interventions, ils ont été condamnés. Abdourahmane fait partie de cette relève importante qui a continué à faire du journaliste en homme d’équilibre. Il fait partie des gens avertis sur les questions qui, quand il le fallait par la plume, prenaient des positions citoyennes. Il a été journaliste, il l’est resté jusqu’à sa mort. Il était un excellent musulman. Je l’ai rencontré plusieurs fois dans le cadre de son travail, dans son bureau pour une situation politique donnée ou pour des situations syndicales. J’ai vu Abdourahmane dans la rue dans les moments les plus difficiles se battre pour la liberté des journalistes. Les bons journalistes sont toujours des relais entre le pouvoir et l’opposition, des médiateurs, un trait d’union pour un rapprochement entre les hommes. Il en était un».
Magib GAYE