CONTRIBUTION
Nous sommes en plein dans l’engrenage d’une vendetta politique. Les marteaux piqueurs démolisseurs de la majorité présidentielle sont de sortie. Et comme à leur habitude, ils opèrent en escadrille. Leur cible toute désignée : Ousmane Sonko, que le régime tente par tous les moyens de briser, à défaut de pouvoir le réduire à sa plus simple expression, un des grands desseins politiques du président de la République. L’hallali général contre le président de Pastef a été lancé depuis quelques semaines. Entre stigmatisations médiatiques, intimidations policières, procès en salafisme, accusations d’amateurisme et soupçons d’aventurisme, la mécanique à pulvériser Sonko tourne à plein régime. A la manœuvre, une poignée de thuriféraires autoproclamés qui ne savent même plus à quelle outrance se fier pour s’attirer les bonnes grâces du président de la République.
Dans ce concours d’imbécilité hystérique et brutale, le pompon revient incontestablement à Ahmet Khalifa Niasse, lui qui a poussé l’idiotie jusqu’à taxer Ousmane Sonko de candidat de Daech. Il fallait quand même oser. Vous connaissez certainement la fameuse maxime, «les idiots ça ose tout et c’est même à ça qu’on les reconnait». Avec l’intrusion en force de la politique dans certaines maisons confrériques, la bétise n’épargne plus certains marabouts, devenus en cette veille d’élection, de simples objets de prébende, au moment où le clergé catholique s’érige en infatiguable défenseur de l’Etat de droit et de la transparence dans la gestion des affaires publiques.
Toujours dans la même veine, que dire d’Ousmane Tanor Dieng que l’âpre appétit de pouvoir a ravalé au rang de simple collecteur de signatures après avoir été à un moment de notre histoire politique, l’homme le plus puissant de la République. Sa déclaration taxant Ousmane Sonko et ses militants de «jeunes aventuriers» est malheureuse pour ne pas dire pitoyable. Cruel destin pour un homme aujourd’hui obligé de jouer les porte-flingues du Président pour justifier sa rente institutionnelle. Il est vrai qu’il s’y connait en aventurisme en tant qu’un des derniers avatars de ces baronnies socialistes bonnes à pas grand chose et presque incapables en tout, qui nous ont légué un Sénégal en friches après 40 ans de pouvoir. Alors il a beau s’attaquer à Ousmane Sonko pour avoir sa part de cette bienveillance présidentielle que tout le monde s’arrache, Ousmane Tanor Dieng dont la fin de la calamiteuse aventure politique est programmée pour l’après scrutin, demeure plus un boulet qu’un allié pour le Président Sall.
Que dire du président du Parlement de la Cedeao qui ne manque décidément aucune occasion de défrayer la chronique des dérapages. Son chantage à l’émigration et au changement de nationalité en cas de victoire d’Ousmane Sonko est tout simplement grotesque et ridicule. S’il veut changer de pays pour éviter de vivre dans cet Etat vertueux que promet le candidat de Pastef, que grand bien lui fasse. Qu’il se casse. Il ne manquera sûrement pas à la République.
Alors quid du Premier sinistre, pardon du Premier ministre du gouvernement, habitué à patauger dans le vide. Dans ses brusques et récurrents accès de vacuité, il a assimilé Ousmane Sonko et ses partisans à des «enfants de Facebook sans éducation.» Comble de la stupidité ou de l’absurdité, c’est selon, car c’est le même Abdallah Dionne qui quelques mois plutôt, lors du premier forum sur l’emploi «s’étonnait que les jeunes ne soient pas au courant de certaines offres d’emploi que même lui en tant que Premier ministre, a lu sur Facebook.» Oui je dis bien sur Facebook. Alors dans le genre spécialiste de la contradiction emballée dans du vide, difficile de trouver mieux que le premier de nos ministres.
Comme il sera certainement aussi laborieux de faire pire que Pierre Goudiaby Atépa. Alors que les crispations ethniques, confessionnelles, confrériques et régionalistes risquent de polluer la prochaine campagne présidentielle, l’entendre lui le catholique, stigmatiser la foi religieuse d’Ousmane Sonko en faisant une allusion inappropriée et maladroite à ses «deux femmes voilées», constitue une sérieuse balafre sur le beau visage de notre belle osmose confessionnelle. Personne ne conteste que la conquête du pouvoir peut donner lieu à des oppositions voire des frictions parfois viriles. Mais les mots de Mr Atépa sortent de ce cadre. Ils créent un précédent dangereux parce qu’ils sont d’une extrême gravité. Tout aussi graves que les récentes déclarations du porte-parole du Khalife des tidianes appelant à voter pour Macky Sall. Comme si certains voulaient fracturer durablement le Sénégal en exacerbant une tension politique et sociale déjà lourde de risques à quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle. Imaginons un seul instant Touba donnant le même soir, après Tivaouane, une consigne de vote en faveur d’un autre candidat ? Disons le tout net, plus que des erreurs, Pape Malick Sy et Pierre Goudiaby Atépa ont commis des fautes.
Il faut que tous ceux qui veulent semer la confusion afin de dresser les Sénégalais les uns contre les autres soient mis hors d’état de participer au débat public. Et c’est le président de la République qui est interpellé sur l’intrusion du fait ethnico-confrérique dans la compétition politique. Car c’est sous sa mandature que ces controverses ont commencé à s’exprimer. Même si c’est en sourdine pour le moment. Macky Sall n’a rien à y gagner. Il a surtout beaucoup à y perdre en laissant se toucher les fils de la cohésion ethnique et confessionnelle et conférique des Sénégalais.
Faut-il alors croire que le camp présidentiel est à ce point aux abois pour sonner l’hallali général contre Ousmane Sonko. Cette focalisation tous azimuts contre cet ancien Inspecteur principal des impôts trahit-elle tout au sommet de l’Etat, une peur panique de «l’effet Sonko» qui est en train de jouer à plein sur la frange la plus jeune de l’électorat. En déclenchant une persécution permanente et à charge contre leur turbulent adversaire, les stratèges du Palais ne font que le renforcer tout en fragilisant leur propre candidat. Voudraient-ils planifier la déconvenue de Macky Sall qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Cette stigmatisation tous azimuts d’Ousmane Sonko pour ce qu’il est et non pour ses idées, a ouvert au trublion du paysage politique sénégalais, un boulevard certainement surdimensionné pour ses ambitions présidentielles.
L’acharnement politico-médiatique dont est victime Ousmane Sonko ne sera d’aucun effet contre lui. Ce que les Sénégalais retiennent du président de Pastef, c’est son combat contre la corruption, sa dénonciation des multiples scandales liés à la gestion du pétrole sénégalais, les magouilles et petites combines fiscales opérées sur le dos du contribuable. Les Sénégalais se contrefichent totalement de la longueur de sa barbe ou de la couleur du voile de son épouse. Ce qui intéresse l’électorat, c’est son programme qui est clairemment celui d’une République sobre et morale en coincidence avec les attentes du pays et en totale rupture avec la gouvernance Macky Sall qui a fini d’entrainer le Sénégal dans une situation de quasi faillite économique et de banqueroute éthique.
Si le discours du candidat Ousmane Sonko séduit de plus en plus de Sénégalais, c’est justement parce qu’il pointe un horizon ouvert sur l’exemplarité dans la gestion des affaires publiques après sept années de fortes turbulences dans le ciel d’un système brutal et opaque. Alors plus qu’une simple élection, le scrutin présidentiel de février prochain sera avant tout, une opération de reconnexion des Sénégalais à l’espérance, à la morale et à la République exemplaire et vertueuse. Sur cet échiquier là, reconnaissons-le, Ousmane Sonko a un coup d’avance, parce qu’en phase avec son époque et son peuple.
Malick SY
Journaliste