En affirmant que l’Etat du Sénégal a recouvré deux cents milliards dans la traque des biens mal acquis, l’ancien ministre de la justice y a inclus 47 milliards confisqués chez Aïda Ndiongue.
Des affirmations que dément formellement l’avocat de l’ancienne sénatrice libérale, précisant que sa cliente n’a été ni jugée, ni condamnée par la Crei, ce qui exclut incontestablement tout recouvrement. Suffisant pour que Me Mbaye Jacques Ndiaye défie quiconque de rapporter la preuve qu’un tel montant a été découvert chez Aïda Ndiongue.
Invitée à une radio de la place, l’ancien ministre de la Justice a affirmé que la traque des biens mal acquis a rapporté deux cents milliards à l’Etat du Sénégal. Cela doit se poursuivre. «Cela doit être une routine. Je considère que tous les ans, tous les gestionnaires dans leur budget, doivent prévoir une opération d’audit. A l’époque, il y avait un chèque de 33 milliards, un chèque parmi tant d’autres qui ont été versés dans les caisses du Trésor», a ajouté Aminata Touré précisant que la traque continue d’ailleurs en Allemagne où la compagnie Fraport qui opérait autour de l’aéroport et dont les dirigeants ont des soucis judiciaires. «Quand on avait démarré cette reddition des comptes, on disait que c’était une affaire politique. Voilà que ça va jusqu’à l’étranger en termes de rebondissements. Cinq ans après son lancement, la traque aux biens mal acquis a apporté 200 milliards FCfa à l’Etat du Sénégal».
Faux, rétorque Aïda Ndiongue par le biais de son avocat Me Mbaye Jacques Ndiaye. «Depuis quelques jours, la presse relaie des affirmations de l’ancienne ministre de la Justice, Madame Aminata Touré au sujet de ce qu’elle qualifie elle-même de recouvrement des avoirs de l’Etat du Sénégal dans le cadre des procédures appelées ‘Traque des biens mal acquis’. Et c’est bien dans un langage absconse, foulant du pied le devoir de réserve qui s’impose à tout homme ou femme d’Etat appelé à d’autres fonctions, et sur fond d’imprudence qu’elle a pu intégrer dans son calcul, la somme de 47 000 000 000 francs Cfa recouvrée selon elle auprès de ma cliente Aïda Ndiongue, sans sourciller», relève Me Mbaye Jacques Ndiaye dans un communiqué de presse parvenu hier à Walf Quotidien.
En fait de recouvrement, précise l’avocat de l’ancienne sénatrice, «Madame Aïda Ndiongue n’a été ni jugée, ni condamnée par la Crei, ce qui exclut incontestablement tout recouvrement». S’y ajoute que, martèle Me Mbaye Jacques Ndiaye, «je défie quiconque de rapporter la preuve qu’un tel montant a été découvert chez Aïda Ndiongue».
Par conséquent, l’avocat invite «solennellement l’ancien ministre de la Justice à prendre de la hauteur par rapport aux affaires pendantes devant les juridictions en ce que précisément, ses sorties inutiles et inopportunes jurent d’avec la courtoisie, la loyauté et le devoir de réserve».
Avant l’avocat de Aïda Ndiongue, c’est Birahim Seck du Forum civil qui a démenti l’ancien ministre de la Justice sur le ticket d’entrée versé par Dp World. «Mimi Touré n’a pas dit la vérité sur les 37 milliards versés par Dp World. Je ne sais pas d’où elle tire ces 200 milliards. Mais pour ce qui est des 37 milliards, elle ne peut pas les intégrer dans la traque des biens mal acquis, parce que tout simplement, cet argent n’est pas le fruit de la traque, mais plutôt le résultat d’un travail d’inspection de l’Ige», a affirmé Birahim Seck qui refuse de croire que 200 milliards F cfa ont été recouvrés dans la mesure où il n’y a pas de loi de Finances rectificative votée, pouvant permettre de faire figurer cet argent dans le budget. «On ne voit aucune trace de ces 200 milliards dans la loi de Finances. Si vraiment cet argent existe, où est-ce qu’il est passé ? Est-ce qu’il n’a pas été dérobé par quelqu’un ?», s’interroge le responsable du Forum civil.
Georges Nesta DIOP