CHRONIQUE DE SIDI
Par la grâce du Tout-Puissant, qui lui avait indiqué la voix, Abd al-Muttalib découvrit le puits qui servit à Agar et à Ismaël, remontant ainsi sa généalogie remontant au-delà du Prophète Ibrahim (Psl). Sa notoriété qui est déjà énorme, s’agrandit davantage. Il gagna davantage le respect des Mecquois qui voyaient en lui l’homme qui leur amena l’eau, l’homme qui arrosa le désert. Partout, on racontait l’exploit, le miracle d’Abd al-Muttalib. Ce dernier connut un énorme succès. Il est devenu la vedette que tout le monde voulait rencontrer. Toutes les femmes voulaient qu’il devienne leur époux. Les plus riches d’entre elles étalaient leurs richesses afin qu’il les épouse. Abd al-Muttalib refusait toujours. Il se mit à l’abri de toutes ces tentations.
Vint un jour et Abd al-Muttalib prit épouse. Et par la grâce de Dieu, il eut une nombreuse descendance. Il eut dix fils. Seulement, sa joie ne fut que de courte durée. La voix qui avait guidée son père, Hashim, celle qui lui avait indiqué l’emplacement du puits, retentit de nouveau. Abd al-Muttalib ne cessait de l’entendre et de lui rappeler un engagement. Il s’était, en effet, engagé à sacrifier un de ses enfants si Dieu lui en donnait dix. Au début, il fit comme il ne l’entendait pas. La voix insista lui rappelant ce qu’elle lui avait indiqué et l’importance que revêtait le respect d’une promesse. Abd al-Muttalib se résolut. Mais commença par égorger un bœuf après un mouton dont le sacrifice n’empêchait pas à la voix de retentir. Acculé et déstabilisé, il réunit tous ses fils afin de tirer au sort. Abdullah, le plus jeune de ses fils, fut désigné à chaque fois. Tout le monde savait que, de tous ses enfants, c’est Abdullah qui était son préféré. Le cœur meurtri, il décida de respecter sa promesse. Des Mecquois s’interposèrent. Abdullah allait instituer une nouvelle coutume. Considéré comme une référence, il ne pouvait pas tuer son enfant au risque d’inciter les Mecquois à mettre à mort un de leurs dix fils. On lui proposa d’aller consulter un voyant qui pourrait leur indiquer la voie à suivre pour éviter le sacrifice d’Abdullah. Abd al-Muttalib accepta. Après les avoir écoutés, le voyant leur demanda ce que payait celui qui tuait un homme par inadvertance. On lui répondit qu’il donnait dix chameaux à la famille du défunt pour la dédommager. Alors le voyant leur suggéra une alternative : fallait tirer au sort entre Abdullah et dix chameaux. Si le nom d’Abdullah sortait, il faudrait rajouter dix chameaux supplémentaires et ainsi de suite. Ainsi préconisé, ainsi organisé. Mais le sort semblait s’acharner sur le fils cadet d’Abd al-Muttalib. On fit dix tirages et à chaque fois, Abdullah fut désigné. Ce n’est qu’au onzième tirage que les chameaux furent désignés. Mais les plans du Tout-Puissant ne peuvent être déjoués. A la place d’Abdullah, les cent chameaux furent sacrifiés et tous les Mecquois se régalèrent. Une grande fête qui annonçait, sans aucun doute, un avènement majeur.
Abdullah n’avait pas seulement échappé au sacrifice. Il se mit également au-devant de la scène après cet invraisemblable tirage et cette merveilleuse fête. Il devint la vedette qu’Abd al-Muttalib fut. On ne parlait plus que de lui, de sa guidance. Les vieilles encouragèrent leurs filles. Les Mecquoises, en âge de se marier, le voulurent comme époux. On conjecturait la grande destinée qui lui été tracée. Une femme, immensément riche, se présenta même à lui et lui proposa, en échange d’une seule nuit passée avec lui, la centaine de chameaux qui permit de le soustraire au sacrifice. La réponse d’Abdullah fut sans ambigüité. Vaut mieux mourir que d’accepter une telle proposition.
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Par Sidi Lamine NIASS
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