Inculpé, hier, Juan Branco a été expulsé du Sénégal dans les minutes qui ont suivi par l’Etat du Sénégal. Malgré les lourdes charges retenues contre lui, à savoir «complot, diffusion de fausses nouvelles, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves, séjour irrégulier et d’outrage à magistrat», il a été placé sous contrôle judiciaire. Ce dossier qui ne devrait pas avoir lieu a fini par dévoiler l’image écornée de la justice sénégalaise à la face du monde. Cela aurait pu être évité par une simple ignorance des autorités étatiques des agissements de ce jeune avocat qui excelle dans la provocation. Comme le pouvoir ne planifie pas ses contre-attaques, il est finalement tombé dans le piège du jeune franco-espagnol.
Tout a débuté avec sa première expulsion, lors du procès en diffamation opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme. Pour un tweet dans lequel il dénonçait l’injustice au Sénégal, il a été éconduit, le 30 mars 2023 date du procès, juste à son arrivée à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd). A travers le même canal, toujours dans la provocation, Juan Branco affirmait : «Faire arrêter un avocat par sept hommes en armes, le détenir, l’intimider puis le faire expulser, pour l’empêcher de défendre un homme. Quel hommage du vice à la vertu». Une réponse automatique du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, s’en suit dans lequel il détaille les motifs de l’expulsion de l’avocat. Une décision qui propulse la cote de popularité de Juan Branco, ravissant même la vedette à Me Olivier Sûr, ancien bâtonnier de Paris, par ailleurs avocat commis pour le compte de Mame Mbaye Niang.
Au lieu de l’ignorer, les autorités sénégalaises, à travers des plateaux de télévision, continuent de répondre à ses tweets et autres déclarations. Cette importance accordée à sa personne le pousse à monter un dossier contre l’Etat du Sénégal auprès de la Cour pénale internationale. Cette fois-ci, c’est Me Sidiki Kaba qui monte au front pour «démonter» les arguments du jeune de 33 ans. Ensuite, c’est le ministre de la Justice qui active le procureur de la République qui, à son tour, saisit le juge d’instruction du deuxième cabinet d’instruction pour émettre un mandat d’arrêt international contre Juan Branco.
Sous menace de cette décision, ce dernier s’invite à une conférence de presse organisée par les avocats de Sonko. Au cours de ce face-à-face avec les journalistes, il défie les autorités qui se sont précipitées à exécuter le mandat d’arrêt avec son lot de victimes. Puisqu’après l’arrestation de l’avocat, en Mauritanie, plusieurs autres individus ont été interpelés. C’est le cas de Pape Sow, maire de Sangalkam, de Me Babacar Ndiaye, libérés, et de Bentaleb Sow, toujours en détention.
Salif KA