Certains parlent de chantage, d’autres de pression judiciaire. En tout cas, Macky Sall dispose d’un certain nombre d’arguments pour contraindre les opposants à répondre à son dialogue.
Le président Macky Sall tient à son dialogue politique. Il tient à ce que l’opposition participe à ce dialogue. Pour cela, il appâte les opposants, notamment Khalifa Sall et Karim Wade dont leur amnistie semble être conditionnée à la participation de leur formation politique à ce dialogue politique. Macky Sall a évoqué depuis plus de six mois leur éventuelle amnistie pour leur permettre de participer notamment à la présidentielle du 25 février 2024. Mais depuis lors, rien ne bouge. Aucun geste allant dans le sens du recouvrement de leurs droits civils et politiques n’a été pris. Ce n’est pas pour rien que Taxawu Sénégal de Khalifa Sall et le Pds de Karim Wade ont été les premières formations politiques de l’opposition à donner leur accord pour participer à ce dialogue. Les autres candidats déclarés et qui butent sur le parrainage, peuvent espérer un assouplissement de la loi en participant à ce dialogue.
En conférence de presse, hier, Ousmane Sonko affirme que Macky Sall recherche un moyen de «chantage» pour chacun des candidats déclarés. Selon lui, la suppression du parrainage et l’amnistie sont ces deux armes de dissuasion.
Stratégie d’isolement de Sonko
S’agissant de lui, le leader de Pastef affirme également que ce dialogue est un piège et que Macky Sall cherche à l’isoler. «C’est un appel au dialogue pour casser l’opposition et ensuite isoler Sonko. Mais il ne pourra pas le faire. Le dialogue vise aussi à valider une 3e candidature anti constitutionnelle en faisant miroiter des concessions à certains», ajoute Ousmane Sonko. Mais selon lui, Pastef ne va pas entrer dans ces «deals».
Ousmane Sonko souligne que les décisions prises lors des précédents dialogues en 2016 et 2019 comme la suppression du parrainage, la réduction du mandat présidentiel et l’instauration du bulletin unique, n’ont jamais été appliquées. Alors qu’il suffisait d’un décret pour leur mise en application. «Ces deux dialogues ont tout réglé, Macky Sall n’a qu’à prendre un décret pour mettre en œuvre les décisions», assène le leader de Pastef.
En outre, Sonko affirme que le précédent dialogue a coûté plus d’un milliard et n’a servi que les causes du pouvoir avec le report des locales et l’adoption de l’élection au suffrage direct des élus locaux. Par ailleurs, Ousmane Sonko s’interroge sur l’utilité de ce dialogue. «Macky Sall a dit lui-même qu’il n’y a pas de problème et que tout marche. Quand il n y a pas de problème, on n’a pas besoin de dialoguer», dit-il.
A l’instar de Sonko, Malick Gakou, le leader du Grand Parti, s’oppose à «toute forme de dialogue». Dans un communiqué, les jeunes du parti affirment qu’ils sont contre toute forme de «dialogue en porte à faux avec les intérêts supérieurs» de la nation sénégalaise. Ils demandent au Président Malick Gakou de défendre cette position au sein de la conférence des leaders de la coalition Yewwi askan wi. «Pour défendre la démocratie, les libertés et la tenue d’une élection inclusive et transparente, il nous paraît fondamental de renforcer notre unité au sein de notre coalition pour le respect des engagements pris avec le peuple sénégalais», souligne le communiqué.
Charles Gaïky DIENE