8 658 migrants sont arrivés sur les côtes des îles Canaries entre le 15 octobre et le 15 novembre, soit quasiment autant que le nombre d’arrivées recensées depuis le début de l’année sur l’archipel. La situation demeure particulièrement préoccupante au port d’Arguineguín, sur l’île de Grande Canarie, où plus de 2 000 migrants se trouvent bloqués dans des conditions insalubres, faute de places dans les centres d’accueil.
Face à l’accélération du nombre d’arrivées de migrants, le gouvernement espagnol a indiqué, le 13 novembre, vouloir reprendre les retours vers les pays d’origine, à l’arrêt depuis plusieurs mois en raison de la pandémie de Covid-19. Cette stratégie est soutenue par la Commission européenne, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, ayant appelé l’Espagne à « augmenter les retours vers les pays d’origine et de transit de ceux qui n’ont pas besoin d’une protection internationale », lors d’une visite le 6 novembre sur l’île de Grande Canarie.
Afin de renforcer les partenariats avec les principaux pays d’origine des migrants, Fernando Grande-Marlaska, ministre de l’Intérieur espagnol, se rendra le 20 novembre au Maroc, suivi par une visite d’Arancha Gonzales, ministre des Affaires étrangères, au Sénégal le 22 novembre. Ces visites auront notamment l’objectif de renforcer la collaboration entre les pays pour « dissuader les départs » des côtes africaines et l’emprunt de cette route migratoire particulièrement dangereuse, où au moins cinq cents personnes ont trouvé la mort en 2020.
Pour faire face à l’urgence sur l’archipel, le ministère de la Défense espagnol a annoncé, le 28 octobre, la mise à disposition de trois terrains militaires pour la construction de centres d’accueil d’urgence sur les îles Canaries. Le 12 novembre, un premier campement d’une capacité totale de 800 places, mais doté pour le moment de seulement 200 lits, a ainsi été ouvert dans une ancienne installation militaire de l’île de Grande Canarie. Le 18 novembre, 200 personnes y ont été transférées depuis le port d’Arguineguín. Les autorités souhaitent que ce nouveau camp accueille les personnes récemment arrivées, pour un maximum de 72 heures, le temps de décider de leur transfert vers un centre d’accueil ou vers un centre de rétention, à partir duquel ils seraient renvoyés vers leur pays d’origine.