La justice bouge enfin dans ce qu’il est convenu d’appeler le scandale Pétrotim qui implique Aliou SALL, frère de Macky SALL. Trois opposants en vue: Babacar Mbaye Ngaraf, le député Mamadou Lamine Diallo et l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye ainsi que Birahim Seck du Forum civil, ont été entendus par le juge instructeur.
Le député Mamadou Lamine Diallo et Babacar Mbaye Ngaraf, réputé proche de Karim Wade, ont été entendus, avant-hier, en qualité de témoins, par le Doyen des juges Samba Sall. «J’ai dit ce que je savais de cette affaire en tant que témoin. C’est une affaire qui est sérieuse, et qu’il faut se battre. C’est un combat de tous les jours pour éviter la malédiction des matières premières du pétrole et du gaz pour notre pays», a déclaré le député de Tekki après sa rencontre avec le Doyen des juges. Quant à Babacar Ngaraf il a déclaré avoir réitéré ses accusations contre Aliou Sall. Hier, c’était au tour de Birahim Seck du Forum civil, la branche sénégalaise de Amnesty international, et de l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, de déférer à la convocation du Doyen des juges d’instruction. «Cette affaire n’est pas compliquée, c’est l’Etat qui cherche à la rendre compliquer», a affirmé Birahim Seck. Le Doyen des juges d’instruction a précisé à Abdoul Mbaye qu’il s’agissait de la suite donnée à l’enquête ouverte dans le cadre de laquelle il avait eu à répondre en qualité de témoin. Ce dernier affirme avoir confirmé l’intégralité des informations en sa possession et déjà données le 26 juin dernier au premier stade de l’enquête de police ouverte. Néanmoins, poursuivant, le président l’Act précise qu’il reste dans l’attente de la suite que le Doyen des juges voudra bien donner à la plainte avec constitution de partie civile pour «faux et usage de faux et détournement de deniers publics» déposée conjointement avec le député Mamadou Lamine Diallo au nom du Congrès de la renaissance démocratique (Crd), restée curieusement sans suite depuis le 21 juillet 2019. Il soutient que la violation de la loi ne saurait être occultée par un débat sur l’exagération possible des sommes distribuées et annoncées par la Bbc. A cet égard, dit-il, le peuple du Sénégal appréciera dans un proche futur si l’instruction ouverte permettra, par la mise en œuvre de la loi et de la réglementation, d’obtenir des protagonistes que sont Frank Timis et ses sociétés, Kosmos et BP toutes les informations cachées ou révélées à demi-mots sous le prétexte qu’elles relèveraient de la clause de confidentialité non opposable à la justice au Sénégal. «Sont en particulier concernées les opérations de capital n’appartenant pas à la catégorie des ‘opérations pétrolières’», dit-il.
Ces auditions entrent dans le cadre de l’information judiciaire relative à l’affaire Pétrotim. Aliou Sall, le frère du président de la République, est accusé d’avoir fait perdre plus de six mille milliards de francs Cfa, portant sur l’attribution de permis gaziers et pétroliers du Sénégal à Frank Timis et le rachat de ces permis par le major pétrolier BP. Le député et leader de Pastef, Ousmane Sonko, refuse quant à lui de répondre à la convocation du juge. Il affirme qu’il n’attend rien de ces auditions qui visent, selon lui, à laver de toute soupçon le frère de Macky Sall.
Charles Gaïky DIENE