Les conséquences de la sortie de l’Uemoa des pays du Sahel, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, préoccupent les économistes. Au moment où certains minimisent l’impact de cette décision, d’autres demandent aux nouvelles autorités sénégalaises de faire recours aux relations diplomatiques pour ne pas perdre le Mali, un partenaire économique stratégique. «Le Mali constitue un partenaire très stratégique pour le Sénégal par rapport à l’utilisation du port de Dakar. Ce n’est pas moins de 600 milliards de francs Cfa d’exportations contre 150 milliards d’importations du Mali par année. Il faudra préserver notre relation avec le Mali, non seulement pour cette énorme dimension commerciale, mais le Mali fait travailler le port de Dakar. Il est le principal acteur économique du port de Dakar en faisant le plus de chiffre d’affaires», affirme Meïssa Babou, économiste et enseignant-chercheur à l’Ucad.
Selon lui, si par contrainte avec les conditions de l’Aes, le Mali se détournait du Sénégal pour utiliser d’autres ports, notre pays perdrait beaucoup parce que le port de Dakar sera sevré d’un client important, peut-être la moitié de son chiffre d’affaires. «C’est une grosse perte pour notre économie nationale», estime-t-il. A l’en croire, le Mali tire des avantages au recours au port autonome de Dakar. «Non seulement nous avons un port capable de contenir l’essentiel des bateaux, mais le corridor Dakar-Bamako est le plus sécurisé et il est très proche par rapport au port de la Côte d’Ivoire ou de la Mauritanie. Les deux pays y trouvent leurs comptes. Il faudra forcément préserver ce partenariat. Perdre le Mali, c’est perdre vraiment un partenaire commercial stratégique dans la sous-région», explique Meissa Babou.
Salif KA