Avec les distorsions de concurrence créées dans les importations de sucre, le ministre du Commerce, Alioune Sarr, a fini de dresser les commerçants les uns contre les autres.
A la tête d’une nouvelle entité, Ahmet Fall Braya s’en prend à l’Unacois/Yessal qui défend la production nationale aujourd’hui menacée par la dépression de Dipa. Pis, entre les boulangers qui veulent augmenter le prix de la baguette de pain, les meuniers qui défendent leur blé, et autres membres du secteur productif, personne n’encadre le ministre du Commerce qui a réussi la prouesse de fédérer tout le monde contre lui.
La Nouvelle force économique du Sénégal, que vient de créer Ahmet Fall Braya, prend le contrepied de l’Unacois/Yessal. Laquelle organisation commerçante s’était érigée en bouclier de la Compagnie sucrière du Sénégal (Css) dans la déferlante d’importations de sucre autorisées par les services du ministre Alioune Sarr. L’Unacois/Yessal de Alla Dieng soupçonnait de fortes connivences entre le «lobby du sucre importé» et certains hauts cadres du ministère du Commerce dans l’importation de 150 mille tonnes de sucre, soit le niveau annuel de la production de l’usine de Richard-Toll. Il avait, à ce titre, tiré la sonnette d’alarme. Mais aujourd’hui, c’est un autre segment de cette organisation commerçante qui vient accentuer le malaise provoqué par ce ministre chez les commerçants. En effet, la ficelle étant un peu grosse, le ministre Alioune Sarr de l’Alliance des forces du progrès (Afp) crée des problèmes qui ne servent même pas son alliance avec le parti au pouvoir dont le chef brigue un second mandat dans quelques semaines. Pis, le maire de Notto Diobass, qui ne sait pas faire la différence entre chiffres d’affaires et bénéfice, dresse ainsi les commerçants, les uns contre les autres en plus de réussir la prouesse de les fédérer presque tous contre lui, donc contre le Président Macky Sall dans sa quête aux voix pour laquelle il ne cesse de tenter d’éteindre des feux.
En prenant le contrepied de l’Unacois/Yessal dans l’importation du sucre, Ahmet Fall Braya, ex président du Conseil d’administration du Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec) sous Wade, entame une autre bataille dans le monde commerçant après ses salves contre Idy Thiam, aujourd’hui patron d’une autre frange de l’Unacois.
Patron de l’organisation commerçante Nouvelle force économique, Braya a soutenu la semaine dernière : «Nous voulons que tout ce qui est consommé dans ce pays soit produit localement. Il n’y a pas un besoin global couvert par la Compagnie sucrière du Sénégal (Css). Notre leitmotiv, c’est protéger notre tissu industriel et sauvegarder en même temps les emplois». Se voulant plus explicite, il ajoutait : «Si la Css n’atteint pas le besoin global de la population, il y aura un gap. Ce gap, nous demandons aux commerçants de l’importer. La Css doit continuer à faire des efforts d’investissement pour arriver à couvrir globalement les besoins nationaux. Ce sont des recommandations fortes». Une position qui vient en totale contradiction de celle émise par l’Unacois/Yessal d’Alla Dieng qui prenait la défense de la sucrerie de Richard Toll victime de l’importation de plus 150 mille tonnes de sucre et dont la masse salariale mensuelle tourne autour d’un milliard 450 millions de francs Cfa pour, dit-on, près de 7 mille agents. «Ces énergumènes voraces et sans scrupules menacent, pour des intérêts bassement personnels, les emplois de milliers de pères de famille», dénonçait le patron de l’Unacois/Yessal. Lequel estime que «le chantage et les mensonges doivent cesser ! Cela ne passera plus et nous espérons que l’Etat ne faillira point et prendra pleinement ses responsabilités le moment opportun».
Magib GAYE