Le marché hebdomadaire de Thillé Boubacar, l’un des plus importants de la sous-région, est-il devenu subitement un marché où le sexe s’écoule plus vite que le mouton et est vendu mille fois moins cher ? La question mérite d’être posée.
(Correspondance) – Au marché hebdomadaire de Thillé Boubacar, louma devenu très célèbre depuis quelques années, on ne vend pas que tissus, friperie et autres articles. Il s’y passe des choses extrêmement graves. Dans ce louma, on a l’impression une fois qu’on y est, d’être dans une zone de non-droit. Le marché hebdomadaire a lieu tous les jeudis. Il se tient à quelques mètres de la Route nationale 2 et est aujourd’hui un lieu où le sexe se vend comme de la cigarette. Il est très fréquent, dans ce marché hebdomadaire, d’être abordé par de jeunes femmes qui n’hésitent pas à vous proposer une passe non loin du marché. Pour vous appâter, elles n’hésitent pas à vous «vendre» une partie de plaisir à 2 000 francs voire même 1 000 francs si vous êtes réticent pour le premier montant proposé. Et tout se passe à quelque 400 mètres, dans un quartier tranquille de Thillé Boubacar. Après quelques minutes de marche, on se dirige directement vers ce quartier sur les traces d’un couple. La règle est que le client arrive toujours en premier pour prendre tranquillement place dans cette case en paille. Puis, suit la femme qui cache son visage avec son turban et se dirige directement vers la case. Et c’est pour aussitôt rabattre derrière elle la porte attachée par une corde. Le rituel montre à suffisance que ceux-là qui fréquentent les lieux sont des habitués. Après presque une trentaine de minutes dans la case en paille, l’homme sort de la case avec une petite bouteille de vin puis prend la direction du louma. Nous cherchons à en savoir davantage avec le jeune homme qui nous explique le modus operandi. Selon ce dernier, il faut d’abord payer le propriétaire de la case avant d’y entrer. Et le prix du «loyer» avoisinerait 2 500 francs. La règle y est que le temps de l’acte sexuel ne doit pas dépasser trente minutes car ceux qui veulent occuper les lieux sont nombreux et attendent au louma, nous renseigne le jeune homme. Et au bout des 30 minutes, le propriétaire des lieux se présente pour demander aux tourtereaux de sortir.
Accroché par nos soins, un propriétaire de case nous informe que les activités qui se mènent ici ne se font que pendant la nuit du mercredi, veille du louma, et le jeudi le jour du louma. «Ce sont les deux jours pendant lesquels je gagne énormément d’argent. Il m’arrive, après décompte, de me retrouver avec, au bas mot, un montant de 100 mille francs», dit-il, visiblement satisfait. Un notable de Thillé Boubacar qui habite non loin du louma de nous renseigner que, les veilles de louma, des actes sexuels sont même commis hors des cases, sous des tentes et que la drogue est consommée en plein air par des jeunes qui ne redoutent rien.
En effet, non loin de cette prostitution connue presque de tous ceux qui fréquentent le louma, le sport favori des jeunes, c’est le trafic du chanvre indien. Juste à côté de la route nationale, des jeunes jouent à la belote. A l’occasion, ils vous soufflent qu’ils ont toutes sortes de drogues. Et les prix varient entre mille, 3 mille et 5 mille francs. Fourrée dans un sac, la drogue est vendue loin du regard des nombreux passants. Et si vous n’êtes pas comme eux, ne cherchez surtout pas à en savoir plus sur l’activité que mènent ces jeunes délinquants. Car ils n’hésitent guère à vous agresser de peur qu’ils ne se fassent dénoncer au niveau de la gendarmerie.
Toutes ces activités délictuelles se mènent au nez et à la barbe des forces de sécurité. Pour un marché hebdomadaire d’une telle importante, ce sont souvent trois à cinq gendarmes qui doivent veiller sur plus de 5 mille personnes. Et la plupart du temps, ces hommes en bleu sont dépourvus de moyens pour faire face à des gens plus armés qu’eux.
Abou KANE