Vendredi soir 2 septembre, une explosion à la bombe a fait au moins 14 morts et une soixantaine de blessés sur un marché de Davao, la grande ville du sud des Philippines. Un acte qualifié de «terroriste» et attribué au groupe Abou Sayyaf par le président Duterte, ancien maire de la ville.
Au moins 14 personnes ont été tuées et une soixantaine blessées dans un attentat à la bombe vendredi 2 septembre au soir sur un marché de Davao, la plus grande ville du sud des Philippines. Le président Rodrigo Duterte, maire de cette ville de deux millions d’habitants pendant près de deux décennies, s’y trouvait le jour même.
L’explosion a eu lieu peu avant 23h dans un marché animé où les gens dînaient, à proximité d’un hôtel prisé par les touristes et les hommes d’affaires, qui n’a pas été touché. « Nous avons retrouvé des éclats provenant d’un engin explosif improvisé », a déclaré un porte-parole de la présidence, Martin Andanar.
Le groupe Abou Sayyaf indexé
Dans un premier temps, le porte-parole avait évoqué la possible piste de trafiquants de drogue ou d’activistes islamistes, ajoutant : « Beaucoup sont en colère contre notre président et notre gouvernement. Nous n’excluons pas la possibilité qu’ils puissent être responsables, mais il est trop tôt pour spéculer ».
Cependant, quelques heures plus tard, le ministre de la Défense Delfin Lorenzana a mis l’attaque sur le compte d’Abou Sayyaf. «Personne n’a encore revendiqué cet acte, mais nous ne pouvons que conclure qu’il a été commis par le groupe terroriste Abou Sayyaf, qui a encaissé de nombreuses pertes à Jolo au cours des dernières semaines», a-t-il dit. Dans la foulée, le président a décrété l'”Etat de non-droit” sur l’ensemble de l’archipel philippin, ce qui, selon ses conseillers, confère plus de pouvoirs à l’armée pour mener des opérations de maintien de l’ordre normalement dévolues à la police.
Par le passé, Davao a été le théâtre d’attentats meurtriers commis par des activistes islamistes ou des rebelles communistes. La ville se situe sur l’île méridionale de Mindanao, où des séparatistes musulmans mènent depuis des décennies une rébellion armée qui a fait plus de 120 000 morts. Les rebelles communistes, en lutte armée également depuis 1968, sont présents dans les zones rurales près de Davao.
Communistes, trafiquants de drogue, islamistes…
Depuis son arrivée au pouvoir en juin, le président Duterte a lancé des pourparlers de paix avec les communistes. La rébellion et le gouvernement sont convenus la semaine dernière de prolonger indéfiniment la trêve décrétée en vue de ces négociations. Il a également ouvert ces dernières semaines des discussions de paix avec deux des principaux groupes rebelles musulmans, dont le Front Moro islamique de libération (Milf).
En revanche, il a déclenché une offensive militaire contre le groupe islamiste Abou Sayyaf. Quinze soldats ont été tués lundi dans des affrontements avec cette organisation créée au début des années 1990, qui a fait allégeance à l’organisation Etat islamique.
Quant à la piste des trafiquants de drogue, Rodrigo Duterte a été élu président sur un programme ultra sécuritaire, s’engageant à mettre fin en six mois au trafic de drogue en faisant abattre des milliers de trafiquants de drogue présumés. La guerre contre la drogue a déjà fait près de 2 000 morts.
A la tête de la ville jusqu’à son élection, Rodrigo Duterte était parvenu à instaurer une paix relative à Davao, en alliant mesures de sécurité musclées et accords locaux avec les différentes rébellions.
Cependant, en 2003, une bombe de forte puissance avait dévasté l’aéroport de Davao, faisant 22 morts et 155 blessés. L’attentat avait été imputé aux séparatistes musulmans.
RFI (Avec AFP)