Il faut veiller à ceux que les Sénégalais, souvent analphabètes de leurs droits quand ils sont confrontés à la justice, puissent savoir se défendre en l’absence d’un avocat ou autres fonctionnaires de la chaine judiciaire. Il faudrait, pour cela, passer pour l’apprentissage du droit depuis les coins les plus reculés du Sénégal.
C’est le cri du cœur du regroupement des diplômés sans emploi. Que de Sénégalais grugés par des faux policiers.Combien de citoyens perdus dans les commissariat, brigades. Que c’est scandaleux de voir ces Sénégalais qui ne savent que dire à la barre, victimes des rats du palais de justice. C’est en cela que des jeunes patriotes, regroupés dans l’association de diplômés sans emploi (Rdes), réitèrent leur plaidoyer pour l’initiation des citoyens au droit. Cela entre dans le cadre des solutions qu’ils proposent. «L’enseigne-ment du droit pourrait être intégré à bénéfice dans le cycle secondaire pour une initiation. Ce qui permettrait de régler la question de l’ignorance des droits fondamentaux par les citoyens des localités les plus reculées du pays car la promotion d’un Etat de droit s’accompagne de la maitrise parles populations des notions primaires du droit», plaident-ils à travers leur communiqué, reçu, hier.Pour ce faire, il faudra des enseignants. Selon les amis de Yves Nzalé, le coordonnateur du regroupement, «un enseignant de droit dans une localité pourrait en même temps jouer le rôle de conseiller juridique dans plusieurs domaines tels que : la matière civile, pénale et commerciale (le foncier, le régime matrimonial, mariage, état civil, procédure civile)».
C’est parce, par ail-leurs, martèlent-ils, «le droit est indispensable dans un Etat,l’enseigner aux citoyens est une obligation pour tout Etat garant de la stabilité d’un pays où le taux d’alphabétisation reste encore à améliorer». L’enseignement du droit aux citoyens pourra atténuer la forte de-mande d’assistance des experts des questions juridiques. En effet,le regroupement a plus tôt rappelé le gap qui existe entre la population et les besoins en avocats, magistrats, huissiers, greffiers, notaires,commissaires priseurs… «Il est regrettable de constater qu’il y a plus de magistrats presque 600 que d’avocats moins de 500 pour une population de près de 16 millions d’habitants. Egalement, sur 16 millions d’habitants on compte une cinquantaine de notaires et d’huissiers de justice.
Le Sénégal compte moins de 500 avocats alors chaque année, les facultés de droit produisent des centaines de diplômés.Présentement, plusieurs régions souffrent d’un manque criard d’avocats alors que des diplômés traînent les rues de ces régions en perpétuelle quête de perspectives professionnelles décentes», estiment-ils.
En rappelant que le relèvement du nombre d’avocats est ainsi devenu un impératif absolu puisque la législation communautaire préconise l’assistance de prévenus dès les premières heures de leur interpellation ou de la garde à vue. De même, ils soulignent que l’augmentation du nombre d’huissiers et de notaires est aussi une impérieuse nécessité au regard du nouveau découpage administratif et de la forte croissance démographique. Il en va de même pour le recrutement massif d’assistants parlementaires au niveau de l’Assemblée nationale, du Haut conseil des collectivités territoriales, du Conseil économique, social et environnemental.
Ce qui, d’après eux,pourrait contribuer positivement à améliorer la performance de ces institutions. L’acte 3 de la décentralisation,avec les 557 communes et 14 régions que compte le Sénégal, a également de réelles possibilités d’insertion aux diplômés. Par là,l’installation récente du Haut conseil de la Fonction publique locale pourrait faire travailler les ressources humaines disponibles(juristes et autres) pour une meilleure gestion des affaires locales.
En réalité ce que réclament les réformateurs, c’est la libéralisation de ces professions dites libérales afin de faciliter l’insertion des jeunes diplômés. En les croire, les tentatives pour rencontrer certaines autorités en charge de la question sont souvent vaines et pour les rares fois que ses audiences ont lieu il n’est question que de négociations pour faire annuler ou sus-pendre une manifestation en vue. *
Emile DASYLVA