Ça râle au niveau des services réquisitionnés pour le traitement des patients atteints de Covid-19 à l’hôpital Fann. En effet, une source renseigne que les autorités récupèrent des malades Covid-19 en catimini dans des pays voisins qu’ils envoient directement au niveau de l’établissement sanitaire sans au préalable en informer le personnel sanitaire. Ignorant que ce sont des personnes atteintes de coronavirus, beaucoup d’agents de santé ont été contaminés par ces malades.
Alors qu’elles opposent un niet catégorique au rapatriement des corps de Sénégalais décédés de Covid-19 à l’étranger pour, disent-elles, éviter la propagation du virus, les hautes autorités autorisent l’admission, dans nos structures, de patients Covid-19 venus par vols spéciaux dans notre pays pour des soins. Selon un médecin qui s’est confié à nous, ces malades sont évacués en catimini vers les services dédiés au coronavirus de l’hôpital Fann, au nez et à la barbe d’un personnel de santé mis devant le fait accompli. Une situation qui, selon la source du canard du Front de Terre, a fini de mettre les agents de santé mal à l’aise. «Des patients atteints de Covid-19, originaires de la sous-région, sont envoyés chez nous. Au départ, les autorités disent que ces derniers transitent au Sénégal pour d’autres destinations alors que c’est faux. Parce qu’une fois à l’hôpital Fann, ces patients filent tout droit vers les sites réservés aux malades de Covid-19 sans même que le personnel de santé ne soit averti. Ils nous envahissent comme ça sans aucun protocole d’évacuation sanitaire ou information préalable donnée au personnel sanitaire afin qu’il prenne ses dispositions et éviter d’être contaminé par ces patients. Nous courons un risque énorme», confie notre source. Qui ajoute que cela est arrivé à deux reprises. «Il y a deux semaines, c’était un ressortissant de la République de Guinée atteint de Covid-19. Et pas plus tard qu’il y a trois jours, c’est un Bissau-guinéen souffrant de la même maladie qui nous a été envoyé», détaille l’interlocuteur de Walf Quotidien. Qui juge ce procédé «anormal».
«Les ordres viennent d’en haut. Mais, la moindre des choses, c’est d’avertir les agents de santé en les informant que ce sont des patients Covid-19 pour qu’ils puissent prendre leurs dispositions et se protéger avant de les prendre en charge», ajoute-t-il. Il renseigne que beaucoup de leurs collègues ont été contaminés, d’autres mis en quarantaine parce qu’ils ont été en contact avec ces patients étrangers. «Nous avons vu même des gens qui accompagnent ces patients étrangers se balader à l’intérieur de l’hôpital alors qu’ils devaient être isolés. Ce sont des facteurs de risque qui augmentent la propagation de la maladie. Même les responsables des services sont au courant. Mais on nous met tous devant le fait accompli. Personne n’est d’accord. Mais une fois que les malades sont là, on ne peut pas les rejeter. Nous avons l’habitude de recevoir des étrangers qui viennent se soigner, ici, au Sénégal. Cela n’est pas un problème pour nous. Mais avec le Covid-19, vous savez que les risques de contamination sont très grands. Mais, de grâce si on nous envoie ce genre de patients, qu’on prenne le soin de nous informer, au préalable, que ce sont des malades de Covid-19», s’alarme-t-il.
Notre interlocuteur reste convaincu que ces décisions viennent des plus hautes autorités du pays, parce que, ces malades sont évacués, ici, par avions spéciaux au moment où les vols sont suspendus. Donc, il se dit convaincu que ces malades viennent au Sénégal avec l’aval des hautes autorités du pays. Actuellement, selon lui, tout le personnel sanitaire est outré par cette décision. Mais, personne n’ose élever la voix puisque cela vient de la haute hiérarchie.
Joint par nos soins, le Dr Ousmane Guèye, Directeur du Service national de l’éducation et de l’information pour la santé (Sneips) du ministère de la Santé, par ailleurs porte-parole du Comité national de gestion de l’épidémie dit n’être «pas au courant» de ces évacuations.
Samba BARRY