Le bulletin de santé des entreprises sénégalaises en difficulté est alarmant. Défaillant dans la protection et l’encadrement de celles-ci, l’Etat-sapeur pompier s’annonce pour l’opération de sauvetage. Pourtant, lors du Conseil des ministres du 27 décembre 2012, le chef de l’Etat, ayant constaté que de nombreuses entreprises étaient en difficulté, avait demandé leur recensement exhaustif et la mise en place de plans de relance avant fin février 2013. Ce qui prouve que le gouvernement fait aveu d’échec lamentable.
Au début de ce mois, le Consortium d’entreprises du Sénégal (Cde) a licencié 200 agents pour motifs économiques. Un signal fort pour l’Etat qui lui prouve que les difficultés du secteur productif s’aggravent d’année en année. Ce, notamment à cause des distorsions qu’il a créées, notamment en donnant les marchés de bâtiment, cœur de métier de cette dernière, par exemple, en offres spontanés à des sociétés chinoises ou turques. Mais également qui accule la dette intérieure à un niveau d’asphyxie pour le secteur privé tout secteur confondu. Ce qui contribue à annihiler tous les efforts de survie du bataillon sénégalais. Qui, ayant un pied dans la tombe, voit cet Etat-sapeur pompier se signaler encore pour venir à un secours. En effet, mercredi dernier, en Conseil des ministres, le chef de l’Etat, dans la plénitude de ses fonctions, a été obligé de secouer son équipe sur la situation sociale dans plusieurs entreprises du secteur privé et la finalisation du pacte de stabilité sociale et d’émergence économique. Macky Sall a ainsi demandé au ministre du Travail, en collaboration avec les ministres concernés, «de faire le point exhaustif sur la situation des entreprises en difficulté et les stratégies mis en œuvre par le Gouvernement en vue de la préservation systématique des activités et des emplois». Ce qui constitue un lamentable aveu d’échec dans ce domaine ou prouve que ses hommes font fi de ses recommandations pour régler les problèmes des Sénégalais. Car, lors du Conseil des ministres du 27 décembre 2012, le chef de l’Etat, ayant constaté que de nombreuses entreprises étaient en difficulté, avait demandé leur recensement exhaustif et la mise en place de plans de relance avant fin février 2013. Huit ans encore, il demande pratiquement la même chose à son équipe.
Pourtant, le secteur privé national n’a de cesse d’alerter sur ce risque qui pendait le pays au nez sans que l’Etat n’accorde plus d’attention à la situation des entreprises en difficulté alors que tout le monde sait qu’il doit intervenir avant les procédures de redressement et de liquidations judiciaires. Déjà, en 2013, le Conseil national du patronat du Sénégal alertait contre la cascade de fermetures d’entreprises formelles qui ne cesse de croître. L’organisation patronale de Baïdy Agne en avait dénombré 376 en 2012 contre 214 en 2011. Et les secteurs les plus touchés sont le Btp, l’industrie et la pêche. Ce qui avait poussé le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat de l’époque de décider la réactivation de la Cellule Entreprises en difficulté qui existait sur le papier depuis 2004 mais qui n’a jamais fonctionné.
Ainsi, l’Etat gagnerait mieux à organiser sa réponse à accorder au traitement des entreprises en difficulté. Car, comme l’indiquait à l’époque, dans nos colonnes, le Secrétaire général du Cnp, Hamidou Diop, l’Etat doit agir sur plusieurs leviers permettant le développement d’une production nationale compétitive et la création de milliers d’emplois durables, notamment par la baisse des coûts de facteurs de production, l’amélioration de la productivité du travail et de la qualité des produits, la promotion du +produisons local & consommons local+; mais non en subventionnant et en faisant la promotion des importations avec des conséquences que nous savons tous : plus de déficit budgétaire, augmentation de la dette intérieure, plus de déficit commercial, plus d’exportation de devises, perte d’emplois locaux au détriment de la création d’emplois à l’étranger, etc.
Seyni DIOP