Les acteurs de l’industrie du transport aérien s’inquiètent de l’avenir des compagnies africaines qui sont confrontés à de nombreuses difficultés. Face à cette situation, le Secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa), Abderrahmane Berthé, invite les parties prenantes à une collaboration pour un secteur du transport aérien prospère et viable.
L’émergence d’une classe moyenne africaine a favorisé la croissance de l’industrie du transport aérien sur le continent. De nos jours, le continent compte plusieurs dizaines de compagnies. Et, certaines à l’instar d’Ethiopian Airlines ont réussi à s’élever au même niveau que les compagnies aériennes occidentales, tant en termes de qualité de services que de business-model. Cependant, de nombreuses autres compagnies aériennes africaines ne répondent pas aux standards de qualité et de sécurité, cela pour dire que le transport aérien africain est loin d’être une réussite, des indépendances à nos jours. En effet, de nombreuses compagnies aériennes dans les pays du continent ont été des échecs, à cause de la mauvaise gestion ou d’autres difficultés. D’où la nécessité selon le Secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa), Abderrahmane Berthé, d’avoir une coordination et une collaboration étroites entre toutes les parties prenantes. A en croire M. Berthé, qui s’exprimait face à la presse la semaine dernière, un secteur du transport aérien prospère et viable est réalisable sur le continent africain. Cependant, insiste-t-il, les gouvernements, les autorités des organismes de régulation, les aéroports, les prestataires de services de navigation aérienne, les fournisseurs d’une gamme variée de produits et services aéronautiques et la clientèle doivent faire des efforts rigoureux. En effet, pour M. Berthé qui s’exprimait à l’ouverture de la 8ème convention des parties prenantes du transport aérien en Afrique, il y a une nécessité absolue de renforcer la collaboration. Ce, explique-t-il, en vue du développement accéléré du secteur sur le continent. «C’est ensemble que les acteurs du secteur peuvent réaliser une Afrique intégrée, interconnectée et compétitive en son sein et à l’échelle mondiale», a-t-il déclaré. En effet, parmi les principaux manquements souvent reprochés aux compagnies aériennes africaines figure l’absence de sécurité. Mieux, en 2013, après avoir audité 200 compagnies aériennes en service sur le continent, l’Iata révélait que seules 38 répondaient aux normes internationales de sécurité.
Le carburant coûte de 20 à 30 % plus cher en Afrique que dans les autres régions
L’autre goulot d’étranglement des compagnies aériennes en Afrique concerne le taux de perte de coques d’avions qui reste le plus élevé au monde. Ainsi, pour chaque million de vols effectués, l’Afrique perd 3,49 coques d’avions à réaction contre 2,07 pour l’Asie-Pacifique, 0,51 pour l’Amérique du Nord. Dans les autres régions du monde ce taux est très proche de 0. En outre, il est reproché aux compagnies aériennes africaines leur mauvaise qualité de services et des tarifs jugés excessifs.
Face à cette mauvaise image des compagnies aériennes africaines, le Vice premier ministre de la République de Maurice, M. Ivan Collendavelloo, a souligné la nécessité pour les acteurs du transport aérien africain de travailler ensemble. «Nous voulons réussir ensemble. Nous devons travailler ensemble ou nous échouerons ensemble», a-t-il prévenu dans son discours à l’Assemblée. D’après lui, la seule solution est la collaboration entre les compagnies aériennes existantes. «Nous voulons promouvoir la réduction de barrières entre les Etats africains en se servant d’approches qui prennent en compte les besoins de chaque pays», a-t-il plaidé.
En réalité, les limites des compagnies aériennes africaines se traduisent dans leurs résultats. Car, une compagnie africaine faisait 4 fois moins de bénéfices par passager qu’une compagnie européenne. Sans compter que la qualité des flottes, parfois trop petites ou trop vielles, est également un frein au développement commercial des compagnies africaines. Par ailleurs, il a été constaté que d’autres charges supplémentaires, notamment celles liées au coût du carburant, mettent en difficulté les compagnies. Pour cause, sur le continent africain, le carburant coûte de 20 à 30 % plus cher que dans les autres régions du monde. En plus, le carburant représente 45 à 55 % des coûts d’exploitation globaux, contre 30 à 35 % ailleurs. A cela s’ajoutet les coûts bien plus importants en matière d’assistance aéroportuaire, de leasing ou lors de la souscription de polices d’assurance.
Il faut également souligner que les compagnies africaines font face à l’instabilité politique de certaines régions, la multiplication des conflits armés, l’augmentation du risque terroriste, la vieillesse des infrastructures aéroportuaires, les situations de monopole sur les lignes intra-africaines, la faible libéralisation du secteur. A ces difficultés, il convient d’ajouter que les taxes et redevances aéroportuaires africaines par passager sont les plus chères au monde.
Adama COULIBALY