Depuis que l’Etat a décidé d’orienter dans le privé les nombreux étudiants qui ne peuvent être accueillis dans les universités publiques, on assiste à des dérives budgétaires.
Et, entre le ministère de l’Enseignement supérieur et celui des Finances, il y en a un qui ne joue pas le jeu. En effet, on ne peut comprendre que des crédits prévus dans le budget 2018 et autorisés par la Représentation nationale ne puissent être décaissés pour honorer la dette due aux écoles privées. Si c’est le cas, le département d’Amadou Bâ est fautif sur toute la ligne. Une situation que peuvent expliquer les tensions de trésorerie que connait le pays depuis fort temps. Et, Mary Teuw Niane aurait tout à fait tort de mettre à l’index l’argentier de l’Etat sur ce coup, même si l’éminent Professeur semble ignorer le principe de solidarité gouvernementale. A moins que cela ne soit fait exprès.
Mais, d’un autre côté, on ne sait pas si c’est le ministère de l’Enseignement supérieur qui veut faire payer aux Finances des dépenses non prévues dans le budget. Car, à force d’orienter tout le monde dans le privé, on finit par asphyxier les comptes publics qui en seraient déjà à 60 milliards de francs Cfa rien que pour les bourses accordées aux étudiants, compte non tenu des augmentations que Macky Sall a récemment lâchées aux étudiants pour calmer leur «révolte» à la suite du meurtre de l’étudiant Fallou Sène. Cela risque d’être intenable pour les finances publiques
De plus, même si l’éducation est un droit, l’Etat est en train de faire ce qu’interdisent ses textes : une double dépense. Et pour les moins bons du système s’il vous plait. En effet, les universités faisant un premier tri pour orienter les meilleurs bacheliers, l’Etat oriente le reste de la troupe dans les écoles privées et leur accorde en sus des bourses ou aides. Ce qui fait donc que ce sont les moins bons qui coûtent plus chers à l’Etat du Sénégal. Du jamais vu. Ce n’est qu’au Sénégal où l’Etat paie des études supérieures à des étudiants. Une donne qui aurait poussé beaucoup d’enseignants, de mèche avec des fonctionnaires nous souffle-t-on, à créer des écoles privées pour capter une part de cette grosse cagnotte que l’Etat ventile. Ainsi, le ministère de l’Enseignement supérieur dépenserait plus que la loi ne l’autorise. Gardien de l’orthodoxie financière, le ministère de l’Economie résisterait, sachant qu’il a sur le dos les bailleurs. Lesquels, dans un réquisitoire en termes diplomatiques, le somment souvent à mettre de l’ordre dans les dépenses liées à l’enseignement supérieur.
Seyni DIOP