Pour être porteuse de consolidation et de réformes, bâtir des propositions et les porter, être partie prenante dans le dialogue, contribuer à un format solide dans le cadre du dialogue politique et s’assurer de l’engagement du président de la République et des acteurs, la Société civile sénégalaise a ébauché les grandes lignes directrices de sa prochaine feuille de route pour davantage contribuer au dialogue national.
Cette feuille a été dégagée après le recueil d’une soixantaine de propositions venant des organisations de la Société civile, réunies, hier à Dakar, pour faire le bilan de leur action dans le cadre du processus électoral. «La rupture du dialogue, en un moment donné a posé beaucoup de problèmes. Si le dialogue avait continué on aurait eu beaucoup moins de difficultés», déplore Babacar Gueye, président du Collectif des organisations de la Société civile pour les élections (Cosce), en marge de la rencontre. En martelant que le parrainage fait partie des aspects négatifs de ce processus électoral. Ce qui lui fait dire que la loi sur le parrainage doit être revue. A l’ouverture de la rencontre, il avait affirmé que le processus électoral a été affecté par une absence de consensus et par des contestations.
Dans la perspective des prochaines élections locales, il soutient que la Société civile est pour qu’elles se tiennent à date échue. «Notre position de principe, c’est que l’élection doit se dérouler à date échue», martèle-t-il. La Société civile a agi dans le cadre des élections sur la sensibilisation grâce à l’appui des Etats-Unis à travers l’Usaid. La représentante du pays de Donald Trump,
Martina Bustani a invité à rendre le processus meilleur pour les prochaines échéances, car il y a des points de désaccord entre les formations politiques. Pour elle, les débats permettront d’avoir les premiers pas dans la direction du dialogue. Les représentants de partis politiques et la Société civile ont échangé au cours de la journée d’hier sur l’ensemble des problématiques diagnostiqués. Il s’agit, en particulier, de l’instabilité du code électoral qui serait revu plusieurs dizaines de fois. Selon le participant Mamadou Seck, il y a l’instabilité depuis le premier code électoral de 1979. Depuis lors il a été revu 29 fois en 43 ans, notamment depuis 1982.
Les panélistes ont aussi proposé des perspectives pour le dialogue politique pour les locales. Pour Moundiaye Cissé, de l’Ong 3D, il faut l’amélioration de la loi sur le parrainage. Cela en relevant des faiblesses par rapport au Conseil constitutionnel. Qui selon lui, «doit être dessaisi» du dossier du parrainage pour être confié à une commission. Et de permettre aux partis de faire des recours. Mais pour d’autres le Conseil constitutionnel ne peut être mis à l’écart parce que chargé des contentieux et autres. Ils ont en outre demandé que la Cena ait des prérogatives de vérification. La Société civile a aussi plaidé pour la mise en place d’un dispositif pour prévenir les cas de doublons à travers une plateforme informatique. Ils ont également émis l’idée de modélisation des fiches de parrainage.
En perspective des prochaines locales, les participants aux réflexions sur le bilan de la Société civile au sortir de la présidentielle ont aussi souhaité que les maires soient élus au suffrage universel parce, d’après eux, «le suffrage des électeurs est confisqué par les conseillers municipaux…Les citoyens n’ont aucune maîtrise sur le processus d’élection du maire. Il faut élire les maire au suffrage universel ».
Dans sa présentation, Semou Ndiaye a posé la question du statut du chef de l’opposition. Dans tous les cas, il s’agira de celui qui est arrivé deuxième à la présidentielle même si les acteurs sont partagés par rapport à cela. Les panelistes ont néanmoins fait un plaidoyer pour l’opposition parlementaire. En effet, avec la suppression du poste de Premier ministre, il y a risque que l’opposition parlementaire soit «isolée à l’Assemblée puisque qu’il n’y a plus d’interaction», analyse M. Ndiaye Semou.
Emile DASYLVA