Comme un petit oiseau, l’espoir de voir le président SALL changer de fusil d’épaule après un septennat au caractère sombre et à la nature calamiteuse s’est envolé. Avec une nouvelle équipe constituée essentiellement d’hommes politiques de la coalition Benno Bokk Yaakaar, le leader de l’APR se veut partisan et garde d’autant sa cadence passée qu’au nombre des nominés figurent des responsables traînant d’assourdissantes casseroles.
Le changement prend du plomb dans l’aile. Le démarrage n’est pas que poussif parce que campé par une tergiversation présidentielle qui a retardé le processus. La rupture qui était attendue du chef de l’Etat et qui devait véritablement se manifester à travers notamment un réel « resserrement organique » ne s’est guère opérée. Passer de 39 à 35 ministres est certes un pas, mais un tout petit qui ne devrait guère susciter la fanfaronnade. En effet, ceux qui se réjouissaient de l’annonce du nouveau Secrétaire général de la présidence de la République, Maxime Jean Simon NDIAYE parlant d’une nouvelle équipe « constituée de femmes, d’hommes et de jeunes marquée par un resserrement organique et un recentrage des missions essentielles, au tour des priorités du nouveau quinquennat » peuvent d’ores et déjà déchanter. Le « resserrement » est des plus mous. Et, ce n’est pas simplement la taille qui demeure XXL du gouvernement qui saborde la rupture. En effet, « le Sénégal pour tous et par tous » n’était donc qu’une nouvelle rengaine des tenants du pouvoir. Car, pour désigner ceux qui vont gouverner ce Sénégal, Macky SALL a trié au volet avant de jeter son dévolu sur les responsables de son camp. Tous les 32 ministres ainsi que les trois secrétaires d’Etat sont de l’APR, du PS, de l’AFP et du PIT, en somme de la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Si le limogeage de Mame Mbaye NIANG, cité dans l’affaire PRODAC, est salué, que dire de la promotion de Cheikh Oumar HANN ? Epinglé par un rapport de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), le désormais ex directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) est bombardé tout puissant ministre de l’Enseignement supérieur à la place d’un Mary Teuw NIANE qui s’est mis à dos beaucoup de ses collègues pour satisfaire la volonté de Macky SALL de « domestiquer » les étudiants. Le maintien d’Aly Ngouille NDIAYE à la tête du ministre de l’Intérieur montre également que Macky SALL n’entend guère se détourner du sentier qu’il a déjà tracé et qui ne prend absolument pas en compte les préoccupations de l’opposition.
Ces premières décisions prises par le président SALL peuvent renseigner de l’orientation que celui-ci compte donner à son présent mandat. A l’instar de Me WADE qui, en 2007 au lendemain de sa réélection, accusait presque tous les opposants de détournements de deniers publics, Macky SALL a annoncé la couleur d’un quinquennat éminemment politique.
Mame Birame WATHIE