Des produits alimentaires en train de pourrir sous le regard impuissant de leurs propriétaires. Des enfants malades évacués dans les hôpitaux de Saint-Louis. C’est le calvaire que vivent les milliers de pèlerins en provenance de Nouakchott et qui risquent de passer leur Magal à Rosso Sénégal.
(Correspondance) Ils sont des milliers de pèlerins en provenance de la Mauritanie en partance pour Touba pour les raisons du Magal à être immobilisés par la douane sénégalaise, selon leur porte-parole, Amary Guèye. En effet, depuis quatre jours, plus de cent vingt voitures gros-porteurs, taxis, bus, cars rapides chargés de bagages sont immobilisés à un kilomètre du débarcadère, à la sortie de la ville. Les occupants de ces nombreux véhicules, des jeunes, des adultes, des femmes avec parfois des bébés et quelques personnes âgées, ne savent plus à quelle autorité se fier. C’est vendredi dernier qu’ils ont quitté la Mauritanie. Après leur descente du bac de Rosso, ils ont dû faire face à la réalité des tracasseries douanières. Ce qui met Aminata Bâ, une passagère, dans tous ses états. «Durant tout notre trajet, on n’a eu aucun problème. C’est arrivés chez nous, à Rosso Sénégal, qu’on nous fait souffrir», se désole la dame l’air très épuisée, le visage défiguré par la fatigue. Même sentiment chez Sokhna Thiané Kane qui montre du doigt plusieurs caisses de poulets dont la valeur est estimée à plusieurs centaines de milliers de francs Cfa mais bons pour la poubelle.
C’est le même sort qui guette les nombreux cartons de poisson qui sont en train de moisir sous le chaud soleil. Mais, ce qui révulse davantage ces centaines de passagers, c’est que, avec la forte chaleur qui sévit à la frontière avec le voisin du nord, trouver de l’eau à boire relève d’un parcours du combattant. Conséquence : des enfants sont tombés malades au point que beaucoup d’entre eux ont été évacués vers l’hôpital de Saint-Louis, renseigne Amary Guèye, un de responsables du convoi.
Des femmes trouvées couchées sous des hangars, visiblement très fatiguées, se disent très remontées contre leur Etat. Car avec le calvaire qu’elles sont en train de vivre, elles devront faire face à des pertes sèches du fait des quatre longues journées qu’elles ont passées dans cette ville de Rosso Sénégal. D’ailleurs, nombre d’entre elles n’ont pas manqué de signaler qu’elles peinent même à se restaurer faute d’argent. Seynabou Sène, une des victimes, avoue avoir épuisé tout l’argent qu’elle avait avec elle. «Dieu Seul sait comment je me suis débrouillée pour ces quatre jours de galère», dit-elle. Et de témoigner qu’elle est obligée de se contenter de biscuits et de sachets d’eau pour sa survie avant de déplorer que Rosso Sénégal est une des villes les plus chères du Sénégal. Un des responsables de ce convoi ne comprend pas qu’on les empêche de faire traverser quelques chameaux destinés à leur propre consommation alors que, au même moment, on laisse passer deux camions remplis de chameaux offerts par le Président mauritanien au khalife de Touba. «Pourquoi ce deux poids deux mesures», se demandent les nombreux pèlerins. Ces derniers, très décidés, disent ne pas accepter qu’on veuille descendre tout leurs bagages pour vérification. Le cas échéant, ils risquent tous de passer leur Magal à Rosso.
Contacté par les soins de WalfQuotidien, un douanier en poste à Rosso dit soupçonner la présence de produits frauduleux dans les cargaisons. Cause pour laquelle, lui et ses collègues ont décidé d’y voir clair. Au risque de faire passer à ces pèlerins leur Magal à la frontière.
Abou KANE