Le Conseil des ministres du 2 novembre dernier a adopté un projet de loi organique relatif à la Cour suprême.
L’article 26 dudit projet permet au premier président de ladite Cour, Mamadou Badio CAMARA, qui doit faire valoir ses droits à une pension de retraite dans moins de six mois, de rester en poste pour de nombreuses autres années.
Le Parti démocratique sénégalais, dont le Comité directeur se réunissait ce mardi, n’a pas été loin de faire le rapport entre cette prolongation et la condamnation d’Aida NDIONGUE. Dans le communiqué qui a sanctionné leur rencontre, les libéraux s’insurgent contre cette loi et manifestent leur soutien aux magistrats qui sont vent debout. «Notre parti, qui apporte son total soutien aux magistrats et autres acteurs de la justice, considère que le maintien en activité du premier président de la cour suprême au-delà de l’âge de la retraite porte gravement atteinte à l’indépendance de la magistrature et jette le trouble sur le rôle que le premier président en particulier a joué dans le procès injuste et inique qui a abouti à la condamnation sans raison de notre frère Karim Wade, candidat de notre parti à la prochaine élection présidentielle et au dangereux précédent de la condamnation par le Cour suprême de notre sœur Aïda NDIONGUE », notent-ils
Si la haute juridiction, dirigée par Mamadou Badio CAMARA, ne s’est pas réellement signalée lors du procès qui a abouti à la condamnation de Karim WADE, elle a véritablement fait parler d’elle pour ce qui concerne l’affaire Aida NDIONGUE. En effet, en condamnant contre toute attente la responsable libérale, la Cour suprême a focalisé les critiques, n’émanant pas simplement des partisans d’Aida NDIONGUE. De nombreux juristes sont montés au créneau pour s’interroger sur le pourquoi de ce verdict hors de ses compétences. «Aïda NDIONGUE n’a jamais géré de deniers publics et n’a jamais occupé un poste ministériel. Mais, aujourd’hui, le pouvoir de Macky SALL a décidé de s’acharner sur cette dame qui a été blanchie par la Cour d’appel. Le régime de Macky SALL veut instrumentaliser la justice en ayant recours à la Cour suprême qui l’a injustement condamnée. Nous déplorons l’attitude de cette juridiction qui a outrepassé son pouvoir et ses prérogatives en se prononçant sur le fond. Nous demandons l’annulation de cette décision illégale et dangereuse pour notre démocratie », avaient réagi les femmes libérales qui assimilaient la sentence à un «hold-up déguisé ».
En décidant de proroger le « mandat » de Mamadou Badio CAMARA, Macky SALL donne du grain à moudre à ses détracteurs qui peuvent bien entrevoir une récompense à travers cette nouvelle loi.
WALFnet