Malgré la décision du président de la République d’accroître le nombre d’enseignants mis en solde et la somme prévue pour le paiement des rappels, les enseignants affiliés au Grand cadre et au Cusems ont regagné le terrain de la lutte, depuis hier. Ces deux groupements syndicaux ont procédé au déroulement de leur nouveau plan d’actions. Ainsi, hier mercredi, ils ont observé un débrayage et le port de brassards rouges dans tous les établissements du Sénégal, du préscolaire au secondaire en passant par l’élémentaire.
Ce mouvement d’humeur sera suivi, aujourd’hui, d’une grève générale sur toute l’étendue du pays. Joint par téléphone, le coordonnateur du Grand cadre, Mamadou Lamine Dianté, dénonce toujours le manque de réaction de l’Etat qui tarde à matérialiser les accords qu’il avait lui-même jugés «réalistes» et «réalisables» et qui dataient de 2014. Ce dit-il, malgré, les sorties du président de la République et de son Premier ministre pour enjoindre les ministres concernés à régler la situation. «Le gouvernement continue toujours de faire son sport favori qui est le dilatoire et la tentative de diabolisation des enseignants en versant dans la désinformation. C’est de guerre lasse de reprendre la lutte. Nous prenons à témoin l’opinion sur l’immobilisme de l’Etat à respecter ses engagements. Le statut quo demeure toujours, le dialogue entre les enseignants et l’Etat n’existe plus», se désole M. Dianté, par ailleurs, Secrétaire général du Saemess-Cusems. Il avertit : «Si le gouvernement persiste dans sa volonté de ne pas respecter les accords et à poser des actes concrets, les syndicats d’enseignants utiliseront tous les moyens légaux pour le contraindre à les respecter».
Emboitant le pas à Mamadou Lamine Dianté, le Secrétaire général du Cadre unitaire et syndical des enseignants du moyen et du secondaire (Cusems), Abdoulaye Ndoye, ajoute que sur tous les points contenus dans leur plateforme revendicative, le gouvernement n’en a respecté aucun. «Aujourd’hui, le Président parle de l’augmentation du nombre d’enseignants mis en solde, de cinq à dix mille. Mais il y a 43 mille dossiers qui sont en souffrance. Si on fait la comparaison, c’est une goutte d’eau dans la mer. Et à ce rythme, on risque d’avoir des enseignants à la retraite sans être mis en solde. Pour ce qui est des 24 milliards annoncés pour le paiement des rappels, nous ne voulons pas encore souffrir de promesses. Ce que nous voulons, c’est son application dans les brefs délais», indique M. Ndoye.
Qui ajoute que le chef de l’Etat, n’a parlé que de deux points sur l’ensemble du protocole. A en croire le secrétaire général du Cusems, Macky Sall a omis dans son discours les questions relatives à la formation diplômante des professeurs de Mathématiques, d’Arabe, de Portugais, de Philosophie et d’Economie qui sont titulaires de diplômes spéciaux. Mais aussi à la gestion démocratique où l’on note des «redéploiements abusifs et arbitraires» des enseignants en pleine année scolaire» ainsi qu’à l’alignement des indemnités de logement. Abdoulaye Ndoye affirme que l’argument brandi par l’Etat, selon lequel, «la soutenabilité financière fait défaut» ne tient pas la route. «On ne peut l’accepter parce que non seulement, il a procédé à des apurements fiscaux pour des entreprises, mais aussi il a créé de nouvelles institutions budgétivores comme le Haut conseil des collectivités territoriales et la Commission nationale du dialogue des territoires», conteste Abdoulaye Ndoye.
WALF