Il y a eu de l’électricité dans l’air à l’hémicycle hier lors de la première session de questions d’actualités. Le groupe des «libéraux et démocrates» de Aïda Mbodj a bloqué le fonctionnement de l’Assemblée nationale.
Par des hués, des acclamations et des réclamations de constitution du Groupe parlementaire de l’opposition, Aïda Mbodj et consorts ont réussi leur coup. Mahammed Boun Abdallah Dionne et son équipe qui étaient devant le fait accompli ont subi leur plus gros revers. Ils ne sont pas les seuls puisque les députés de majorité comme les membres du Gouvernement ont également subi cet assaut de l’opposition qui a répondu à la réplique par des propos aigres doux. En effet, avant même que la session ne s’ouvre, les députés de l’opposition ont donné le ton par un sit-in improvisé dans le hall de l’Assemblée. L’ancien questeur Lamine Thiam, les députés Aïda Mbodj, Woré Sarr, Me El Hadji Diouf, Thierno Bocoum et Mamadou Diop Decroix encagoulés avec des foulards rouges ont manifesté leurs désaccords par le refus du Bureau de l’Assemblée nationale de reconnaître leur groupe parlementaire. Ils avaient entre leurs mains une banderole de couleur blanche et rouge sur laquelle on pouvait lire : «L’opposition exige son groupe parlementaire». Il en sera ainsi jusque vers les coups de 16 heures passées de quelques minutes coïncidant avec l’arrivée du patron du gouvernement avec sa délégation. Malgré la détermination dont ils faisaient montre, accolades et salutations leur seront servies par le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne qui va d’ailleurs insister sur le dialogue pour solutionner le problème.
L’étape du hall de l’hémicycle ne sera que la partie visible de l’iceberg. Pour cause avant que ne s’ouvrent les débats, flanqués une fois de plus de la couleur rouge, les sept députés par des acclamations, des cris et des réclamations ont bloqué le fonctionnement de l’institution durant une bonne heure. Malgré ce blocage, le Premier ministre et ses collaborateurs ministres essaient de répondre aux interpellations des députés de la mouvance présidentielle dans ce tohu-bohu indescriptible. «Nous appartenons à cette Assemblée et nous allons prendre la parole. Le Groupe parlementaire des Libéraux et démocrates va prendre la parole», crie haut et fort le député El Hadj Diouf. La présidente désignée du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates lui emboîte le pas : «C’est une violation du droit. Nous demandons au Premier ministre d’être notre interprète auprès du président de la République pour manifester notre indignation et notre désarroi. Nous sommes en démocratie. Le Président Macky Sall ne mérite pas cela. Vive la démocratie». Quant au député du Rewmi, Thierno Boucoum, il dénonce : «Nous avons une Assemblée partisane et non nationale». «Non à la dictature. Non au putsch parlementaire», martèle Thierno Bocoum.
En réaction à ce blocage de l’opposition, le Premier ministre essaie de jouer la carte de l’apaisement. «La paix et la concorde doivent régir la vie politique et la vie sociale. Nous devons reprendre le dialogue avec la représentation nationale. Dialogue à clarifier avec la réforme institutionnelle qu’il propose aux Sénégalais», signale le Pm. Qui ajoute : «C’est par le dialogue qu’on peut transcender les choses et renforcer l’Etat de droit». Membre des réformistes du Pds, le député Fatou Thiam prend le contre-pied de ses camarades de l’opposition en présentant ses excuses parce que cela n’honore pas le Pds. Non sans souligner que le député du Rewmi devait s’expliquer sur les accusations de 74 milliards liant Wade à Idy. Il en est de même du député Aïssatou Diouf de Groupe parlementaire «Benno Bokk Yakkar», qui lance aux opposants: «Vous ne pouvez pas rendre cette Assemblée nationale ingouvernable». Le député Cheikh Seck qualifie pour sa part le boc de l’opposition de perturbateurs en quête de légitimité constitué d’un député du Rewmi en agonie, et un député de Aj/Pads de trahison et de trois députés du Pds en perte de vitesse.