Le rapport établi par la Commission de recensement des crimes révèle que la Dds était principalement financée par l’Usaid et les Etats-Unis sous le règne du président Ronald Reagan. Révélations faites, hier, par Me Mahamat Assane Abacar, témoin au procès.
On en sait un peu plus sur les bailleurs de la Direction de la documentation et de la sécurité (Dds). Une institution chargée, sous le règne du président Hissène Habré, de la répression des personnes hostiles au régime. Président de la Commission de recensement des crimes et détournements, Mahamat Assane Abacar a fait une révélation de taille, hier au procès. Non seulement l’administration du président américain, Ronald Reagan, était chargée de soutenir le régime de Habré dans son combat contre les libyens. Mais l’Usaid, une structure des Nations unies, était aussi chargée de financer la Dds, accusée d’avoir exercé des exactions sur la population civile tchadienne. Le rapport établi par ladite commission a montré que le financement de la Dds provenait, en grande partie, de l’Usaid, une agence américaine. Lequel s’élevait à cinq millions Frs Cfa par mois. Par la suite, révèle le témoin, «ils ont imposé une rallonge de cinq millions supplémentaires». Ce qui ferait un financement mensuel de 10 millions Frs Cfa émanant de l’instance onusienne.
Si l’on se fie au témoignage du président de la Commission des crimes et détournements commis sous le régime de Habré, la culpabilité de Habré semble être établie. Me Mahamat Assane Abacar a montré les liens entre Habré et la Dds. «Aucune personne autre que le président Habré ne s’immisçait dans le fonctionnement de la machine de répression de la Dds. Habré contrôlait et supervisait la Dds», a expliqué le témoin. Cette structure, à l’en croire, «était l’œil et l’oreille du président Habré». Il poursuit son témoignage : «Depuis sa création, il n’y a que des proches du président Habré qui ont été nommés, par décret, à la tête de la Dds. C’est le président Habré himself qui nommait les directeurs et adjoints de la Dds. Il se chargeait même de nommer le personnel subalterne de la Dds».
3,5 milliards détournés du Trésor public
La Commission de recensement des crimes ne s’est seulement pas chargée d’exposer les infractions. Elle a également eu à dérouler des investigations sur les détournements de deniers publics et infractions financières commises par le président Habré. Selon Me Mahamat Assane Abacar, «le Trésor public tchadien a été pillé par Habré qui a déroulé des manœuvres clandestines pour prélever la rondelette somme de 3,5 milliards de Frs Cfa». Pour disposer de cette somme, il a utilisé comme prétexte «l’achat d’armes pour faire face à la rébellion». D’après toujours Me Abacar, «Habré a également pompé la liquidité qui se trouvait dans les différents ministères de son régime. C’est avec de la liquidité répartie dans des sacs de 500 millions qu’il a quitté N’Djaména pour le Cameroun avant d’atterrir au Sénégal», a révélé le témoin au procès qui se poursuit ce mercredi. Jugé pour «crimes de guerre, crimes contre l’humanité et actes de torture», Hissène Habré a été renversé en 1990 à la faveur d’un coup d’Etat militaire signé Idriss Déby.