Ouvert mercredi dernier au Centre international de Conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, le Dialogue national entre dans une phase décisive. Alors que les discussions se poursuivent entre les acteurs politiques, institutionnels et de la société civile, les premières lignes d’accord comme de fracture commencent à se dessiner. Selon Les Échos, quatre points d’entente et autant de désaccords majeurs ont été relevés.
Des avancées notables sur plusieurs fronts
Sur certains sujets, les participants sont parvenus à des compromis significatifs. Parmi les mesures approuvées figure l’introduction du bulletin unique pour les élections, une revendication de longue date de nombreux acteurs en faveur de la transparence et de la réduction des fraudes électorales. Autre progrès salué : le droit de vote accordé aux personnes en détention préventive, qui marque une avancée importante en matière de droits civiques. En matière de débat démocratique, les parties ont également donné leur feu vert à l’organisation d’un débat télévisé entre les deux finalistes de la présidentielle, une nouveauté dans le paysage politique sénégalais. Enfin, le consensus s’est dégagé sur le maintien de la durée de la campagne électorale à 21 jours, une période jugée suffisante par la majorité des intervenants.
Des lignes de rupture sur des sujets sensibles
En revanche, plusieurs questions continuent de diviser les protagonistes du Dialogue national. Le premier point de blocage concerne le statut de chef de l’opposition. La majorité des participants souhaitent l’attribuer au candidat arrivé deuxième à la présidentielle. Seul le Parti démocratique sénégalais (PDS) s’y oppose, estimant que ce rôle devrait revenir au chef du parti arrivé en deuxième position aux élections législatives.
Autre point de discorde : l’article 80 du Code pénal, souvent dénoncé comme un outil de musellement des opposants. Tandis que l’opposition réclame sa suppression, le parti PASTEF milite pour son maintien. Le débat sur le cumul des mandats est également marqué par des divergences. Là où l’opposition accepte un cumul limité aux fonctions de député et de maire, PASTEF prône une suppression totale de toute possibilité de cumul. Enfin, le clivage est profond sur la nature du régime politique. Alors que l’opposition s’attache au régime présidentiel en vigueur, PASTEF ouvre la porte à une réforme en profondeur du système institutionnel.
Des thèmes cruciaux encore en discussion
Le Dialogue national est loin d’avoir épuisé son ordre du jour. Parmi les sujets encore à débattre figurent le parrainage citoyen, un dispositif controversé, la rationalisation des partis politiques face à leur multiplication anarchique et le vote électronique, envisagé comme une modernisation du système électoral. À un moment où le pays cherche à tourner la page de plusieurs années de tensions politiques, l’issue de ce Dialogue sera déterminante pour les réformes à venir. Reste à savoir si les acteurs réussiront à dépasser leurs clivages pour poser les bases d’un consensus national durable.
Babacar NGOM