Alors qu’on n’a pas fini de parler des embarcations de migrants portés disparus au large des Îles Canaries, sept candidats à l’émigration ont péri, hier, au large de Saint-Louis, une ville au nord du Sénégal.
C’est aux aurores, hier mercredi, que la compagnie des sapeurs pompiers de Saint-Louis a été alertée du chavirement d’une pirogue, à l’embouchure du fleuve Sénégal. Sitôt l’alerte donnée, certains éléments de la compagnie se sont déportés sur les lieux en vue de procéder aux premiers secours. Sur place, les marins ont recueilli six corps sans vie et 4 rescapés, tous acheminés à l’hôpital régional de Saint-Louis. En début de soirée, un septième corps, découvert sur la berge du village de Tassinère, dans le Gandiolais, est venu alourdir le bilan macabre.
Dans cette partie du pays, les premières informations, qui se sont répandues à la vitesse de l’éclair, ont fait penser à un énième accident de pêcheurs de Guet-Ndar et environs, au niveau de la brèche ouverte, en Octobre 2003, à l’embouchure du fleuve Sénégal. Dans cette zone accidentogène, en effet, des pêcheurs et les capitaines de pirogues, souvent pris au piège à cause du sable mouvant et des impondérables naturels, perdent le contrôle de leurs embarcations.
C’est après que certaines indiscrétions ont éclairé la lanterne des uns et des autres sur certaines zones d’ombre de ce chavirement. En réalité, l’embarcation, dont les occupants sont des candidats à l’émigration clandestine, qui a pris départ à Kafountine, a échoué aux larges de Saint-Louis, après plusieurs jours d’errance, en haute mer. Pour l’heure, une enquête est ouverte tandis que les recherches se poursuivent. Essentiellement, selon nos sources, les sapeurs pompiers font le pied de grue au niveau des berges, guettant le refoulement d’éventuels autres corps sans vie. Il convient de signaler que les marins et autres plongeurs, malgré leur savoir-faire et leur abnégation, n’ont pu renflouer la pirogue qui, sous l’effet des courants marins, s’est renversée. Ce drame intervient au moment où règne une polémique entre les autorités sénégalaises et l’Ong Caminando fronteras sur la disparition supposée de migrants en mer.
Polémique en haute mer
Cette organisation spécialisée dans la défense des droits des personnes et des communautés en mouvement soutient que trois embarcations parties du Sénégal fin juin et transportant au total plus de 300 personnes sont toujours portées disparues. Ces quelque 300 migrants qui ont disparu sur la route des Canaries, dans l’océan Atlantique, n’ont toujours pas été localisés. L’un des bateaux parti le 27 juin de Kafountine, en Casamance au sud du Sénégal, comptait environ 200 personnes à bord.
Pour le moment, les recherches entreprises par les autorités espagnoles ne permettent pas de les retrouver. Des médias d’Espagne indiquent que les sauveteurs espagnols ont temporairement suspendu les recherches en raison de conditions météorologiques très difficiles qui empêchent l’envoi d’un avion pour survoler cette partie de l’Atlantique. Les autorités espagnoles disent être disposées à effectuer ces vols à tout moment pour tenter de les localiser.
Seulement, cette affaire de disparition de migrants rapportée par Caminando fronteras semble avoir mis en colère les autorités sénégalaises. Dans un communiqué publié mardi, le ministère sénégalais des Affaires étrangères sénégalais a écrit avoir «appris avec étonnement, la publication, sur les réseaux sociaux, d’informations faisant état de la disparition en mer d’au moins 300 Sénégalais, candidats à l’émigration, dont les embarcations en provenance de Kafountine faisaient route vers les Îles Canaries».
«Il ressort des vérifications qui ont été faites, que ces informations sont dénuées de tout fondement», a affirmé le ministère. Il ajoute qu’entre le 28 juin et le 9 juillet, «260 Sénégalais ont été secourus par les gardes-côtes marocains». Le ministère ne précise toutefois pas si ces embarcations rescapées correspondent à celles que Caminando Fronteras avait déclarées disparues. Caminando fronteras est revenue, hier, à la charge. Elle persiste, dans un communiqué, que les personnes retrouvées lors des sauvetages mentionnés par les autorités sénégalaises ne correspondent pas aux 300 disparus. Dans son communiqué, l’Ong refuse de commenter la déclaration du ministère sénégalais des Affaires étrangères.
Gabriel BARBIER & Baba MBALLO