Le pouvoir a décidé d’interdire les rassemblements de Sonko. Contrairement aux Parcelles assainies et à Colobane, la police a tenté de disperser à coups de gaz lacrymogènes, ses militants qui le suivaient après sa rencontre avec le maire de Patte d’Oie.
Le passage du leader de Pastef à la Patte d’oie a été mouvementé. Contrairement à ses précédentes visites aux Parcelles assainies et à Colobane, sa visite, d’hier, au maire de Yewwi, Maimouna Dièye, a été marquée par des heurts entre ses partisans et les forces de l’ordre. En effet, après sa rencontre avec son collège dans la salle de délibération de la mairie, le cortège du maire de Ziguinchor, qui voulait emprunter la principale voie d’accès de cette commune au centre de santé Nabil Choucair, a essuyé des grenades lacrymogènes. La foule qui le suivait scandait : «Sonko, on croit à toi, on t’aime». Des mots qui ont sonné, sans doute, comme une provocation du côté des des forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogènes sur le cortège. Elles ont ensuite suivi le cortège de Sonko jusqu’au niveau de Nabil Choucair en tirant dans tous les sens, bloquant du coup la circulation. Toutefois, cela n’a pas empêché les militants et les sympathisants du leader de Pastef de suivre son cortège jusqu’au domicile du maire qui l’avait invité à déjeuner au terme de la visite.
Mais les partisans de Sonko, loin d’être intimidés par l’impressionnant arsenal de la police, ont énergiquement riposté. Une véritable intifada devant le centre de santé Nabil Choucair qui a fait un blessé du côté des Gmi.
Il faut dire que, contrairement aux Parcelles assainies et à Colobane, la mairie de Patte d’oie était en état de siège. Car dès les premières heures de la matinée, avant la venue du leader de Pastef, trois chars anti émeutes Dragon et des dizaines de policiers armés jusqu’aux dents composés des éléments de Gmi et de la Bip, s’étaient positionnés aux alentours. Un bataillon de policiers complété par un important dispositif de la gendarmerie du côté de l’autoroute menant à l’aéroport. Malgré tout, Ousmane Sonko, qui a changé de tenue entre-temps avec un boubou traditionnel blanc, s’est également offert un bain de foule à ce niveau.
«Ils sont en train de faire notre promotion»
Le maire de Ziguinchor au cours de sa visite n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur le pouvoir dont le ministre de l’Intérieur. «On sait que Antoine Diome perd son temps, car il est trop petit pour nous intimider. Vous avez vu son dispositif avec ses agents qui nous suivent partout que ce soit ici ou la cité Keur Gorgui. C’est à la limite ridicule. Mais je les remercie parce qu’ils sont en train de faire notre promotion», ironise Ousmane Sonko. Selon lui, ce dernier avait d’autres priorités comme par exemple traquer les agresseurs et les malfrats au lieu de poursuivre d’honnêtes citoyens. «Mais, ils vont se fatiguer ces tenants du pouvoir car nous comptons poursuivre notre tournée dans les 70 collectivités locales», poursuit-il.
Par ailleurs, s’agissant des tournées économiques du chef de l’Etat, le leader de Pastef affirme que les Sénégalais ont déjà fait leur choix que ça plaise ou non aux tenants de ce «régime en fin de règne». «Si tu prends des cars depuis Fouta ou dans d’autres localités dont la banlieue pour les transporter à Thiès en disant que tu as la majorité, tu te trompes. Cela prouve que tu as peur», indique encore Sonko, ajoutant que même si Macky Sall tripatouille la constitution et va aux élections, il n’aura pas 30 % des suffrages. Car, selon lui, lors des législatives s’il n’y avait pas ce forcing électoral, l’opposition, à travers l’inter-coalition, aurait gagné.
Théodore SEMEDO