Le lieutenant-colonel Daouda Diop remplace Cheikh Tidiane Diallo à la tête de la Direction de l’Administration pénitentiaire (Dap) qui gère les 37 prisons du pays. Ce retour des colonels n’est pas sans susciter des grincements de dents chez les matons. L’Administration pénitentiaire a encore eu la malchance d’avoir un directeur qui n’est pas issu du corps. Le lieutenant-colonel Daouda Diop est nommé à la tête de la Direction de l’Administration pénitentiaire (Dap) qui a en charge la gestion des 37 établissements pénitentiaires du pays.
Il est précédemment commandant de la légion zone Nord de la Gendarmerie nationale et ancien responsable de la Division communication de ce corps militaire. Il remplace le magistrat Cheikh Tidiane Diallo. Cette nomination annoncée par le communiqué du Conseil des ministres ne sera pas sans conséquences. Longtemps considérée comme un «monstre sans tête», l’Administration pénitentiaire a toujours été dirigée par des policiers, gendarmes et un magistrat. Corps paramilitaire au même titre que la Police et la Douane, elle n’a jamais été administrée par un homme du corps, de toute son histoire. Dans les textes, il était inscrit que «l’Administration pénitentiaire ne peut être dirigée que par un colonel de Gendarmerie ou un commissaire de Police divisionnaire». Ce qui constituait, selon d’anciens fonctionnaires du ministère de la Justice, une «contrainte» jusqu’à ce qu’une révision survienne avec l’instauration du corps des inspecteurs issus de la hiérarchie A. Le départ des colonels a été obtenu grâce à plusieurs rapports des organisations de défense des droits de l’homme qui dénonçaient en son temps cette méthode de management préjudiciable aux matons. L’ère des gendarmes a aussi été clôturée suite à un combat pacifique interne mené par d’anciens dignitaires de l’Administration pénitentiaire qui ont toujours estimé que ce corps était capable de s’administrer librement. La contestation du règne des colonels s’est accentuée durant les mandats de Leyti Kâ et du colonel Mbaye. Et l’Etat a reculé avant de faire appel à un civil, notamment le magistrat Cheikh Tidiane Diallo. Selon d’anciens agents du corps paramilitaire en question interrogés par Wal Fadjri, on reprochait à ces ex-patrons de la Dap un «manque d’ambition» pour le corps et une «méconnaissance» de son fonctionnement. Aussi, ils ont été accusés de souvent faire l’objet de «manipulation» et d’une «gestion gabégique». Dans le passé, quatre policiers ont eu à diriger la Dap. Et l’ère des policiers a pris fin avec le départ du commissaire Samba Sy. Il a été précédé, à la tête de la Dap, par les commissaires Niang, Massar et Mamadou Diop. Viendra, ensuite, le règne des gendarmes avec le colonel de la Gendarmerie Babacar Ngom. Ce dernier a été succédé à la Dap par les colonels Mansour Niang, Djiby Diop, feu Ba Malick Ndiour (avec un bref passage), Leyti Kâ ainsi que Malick Mbaye. Les chantiers du nouveau patron de la Dap Le nouveau directeur de l’Administration pénitentiaire aura la charge de régler tous les nombreux problèmes ayant libre cours dans les 37 établissements pénitentiaires du pays. Il est appelé à faire face à plusieurs dossiers brûlants. Son premier chantier sera de mettre définitivement un terme au mouvement d’humeur dans certaines prisons. Récemment, deux grèves de la faim ont été respectivement menées à la Maison d’arrêt de Rebeuss et à la Maison d’arrêt pour femmes de Liberté 6. Celles-ci ont été suspendues sur médiation. Mais les promesses non tenues de la Chancellerie risque d’attiser, à nouveau, le feu. Ces actions sont motivées par les longues détentions ainsi que le phénomène de la surpopulation carcérale qui gagne 20 des 37 prisons du pays. Ainsi que l’absence de mesures alternatives à la détention pour certains détenus, comme la grâce, les libérations, l’application du régime semi-liberté, entre autres. Le statut des surveillants de prison exposés à une précarité extrême constitue une doléance au cœur des attentes des matons. L’autre attente réside dans l’érection de la Dap au rang de Direction générale, comme c’est le cas pour la Police nationale au sein du ministère de l’Intérieur et les Sénégalais de l’extérieur au sein du département des Affaires étrangères. Pape NDIAYE