Après plus de cinq mois d’interrogatoires, d’auditions des nombreux témoins et des plaidoiries des avocats des parties civiles et de la défense, le tribunal va rendre son verdict demain. Ce sera l’aboutissement d’un procès attendu pendant 34 ans.
En principe c’est demain, mercredi 6 avril, que le tribunal militaire de Ouagadougou va prononcer le verdict du procès des commanditaires et des assassins présumés du capitaine Thomas Sankara et ses 12 compagnons le 15 octobre 1987. Ouvert le 11 octobre 2021 dans la capitale du Burkina Faso, le procès s’est déroulé en l’absence du principal commanditaire, l’ancien président Blaise Compaoré, et le chef du commando qui a mené l’opération, l’adjudant-chef Hyacinthe Kafondo. Parmi les 12 autres accusés qui se sont présentés devant la barre du tribunal figure le général Gilbert Diendéré accusé de «complicité d’assassinat, de complicité de recel de cadavre et de subordination de témoins».
Avant les plaidoiries successives des avocats de la partie civile et de la défense, le procureur militaire avait requis 30 ans de prison contre l’ancien président qui s’est réfugié en Côte d’Ivoire depuis son départ du pouvoir, le 31 octobre 2014, à la suite d’un soulèvement populaire qui avait duré plusieurs jours. L’avocat général avait également demandé des peines de 20 ans de prison ferme pour le général Diendéré et l’adjudant-chef Kafondo qui a disparu sans laisser de traces depuis 2016 après avoir obtenu une liberté provisoire.
Le procès a été suspendu à plusieurs reprises. La dernière fois c’était le 8 février à la demande des avocats de la défense qui voulaient avoir suffisamment de temps pour préparer leurs plaidoiries. Ils avaient ensuite introduit un recours devant le Conseil constitutionnel pour contester les accusations d’atteintes à la sûreté de l’Etat contre leurs clients. Selon eux, le coup d’Etat n’est pas un acte illégal du moment que, le 16 février, cette même juridiction avait investi un putschiste, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, comme président de la République. Leur requête a été rejetée par l’institution judiciaire qui a ordonné la poursuite du procès.
A la fin du procès, le 25 mars, suite aux plaidoiries des avocats de la défense, les 12 accusés ont pris tour à tour la parole pour faire une dernière déclaration. Certains d’entre eux ont salué la mémoire du «Père de la Révolution», exprimé leurs regrets et demandé pardon aux familles des victimes ou pour une quelconque faute qu’ils auraient commise. D’autres ont même avoué leur admiration pour le capitaine Sankara en affirmant qu’ils n’avaient pas l’intention de le tuer.
Mamadou CISSE