L’audition du juge Téliko a donné lieu à des échanges houleux entre les parties. Au final, il a écopé d’un blâme, le «deuxième degré de sanction administrative après l’avertissement». Le magistrat incriminé a été entendu hier à la Cour suprême, par ses pairs siégeant devant la formation disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature (Csm).
Le juge Souleymane Téliko échappe à la radiation. De même qu’à la rétrogradation, en écopant d’un blâme, à la suite de son procès «houleux» hier à Dakar. C’est le «deuxième degré de sanction administrative après l’avertissement», selon un éclairage. Comme prévu, le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) a été entendu, hier, devant la Cour suprême. Le magistrat a été entendu par quinze de ses pairs désignés à cet effet pour qu’il soit fixé sur son sort. L’audience a été ouverte vers les coups de 10 heures pour ne prendre fin que vers 21 heures. Elle aura duré plus de dix tours d’horloge, selon une source y ayant pris part. Sur les raisons pour lesquelles l’audience a tiré en longueur, la même source révèle que c’est «en raison de la longue liste des avocats devant assurer la défense du mis en cause». Un autre informateur bien au fait du huis clos de faire savoir que «les débats ont été houleux entre les protagonistes».
Après une première audition par les enquêteurs de l’Inspection générale de l’administration de la justice (Igaj), le dossier impliquant le juge Téliko a été transmis devant la formation disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature (Csm). Convoqué le 19 octobre à Ziguinchor, l’audience avait été reportée et ramenée à Dakar où le juge Téliko sera entendu, le 28 du même mois, par le magistrat Assane Ndiaye, procureur général près la Cour d’appel de Ziguinchor. Celui-ci avait été désigné comme rapporteur. Quelques jours après, le dossier sera de nouveau transmis devant la Cour suprême où l’intéressé a été entendu, hier, sur sa dernière sortie médiatique sur l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar.
C’est ainsi que 15 magistrats ont été désignés pour statuer sur son sort, histoire de trancher le bras de fer l’opposant à la tutelle qui lui reproche d’avoir jeté du «discrédit sur la justice» lorsqu’il avait commenté l’affaire Khalifa Sall en disant que ses droits ont été violés. Sur cette liste de 15 magistrats figurent 12 chefs de cours. Il s’agit de Cheikh Tidiane Coulibaly et Mansour Mbaye de la Cour suprême, Lassana Diabé et Ciré Aly Bâ tous procureurs à la Cour d’appel de Dakar, Assane Ndiaye et Bachir Sèye de la Cour de Ziguinchor, Cheikh Ndiaye et Mandiaye Niang de la Cour de Saint-Louis, Alpha Ousseynou Diallo et Ousmane Kane de la Cour de Kaolack, Aminata Ly Ndiaye et Cheikh Tidiane Diallo de la Cour d’appel de Thiès. Il y a aussi la présence sur la liste de trois magistrats élus devant siéger le jour de l’audience. Ces quinze magistrats étaient appelés à fixer le sort de leur collègue, Souleymane Téliko.
Avec le blâme, Souleymane Téliko n’est plus éligible au Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Seulement, il a la possibilité d’exercer un recours devant la Cour suprême. Il peut également être gracié par le président de la République. Dans ce cas, le CMS est saisi pour avis.
Salif KA