L’activité économique connaît des soubresauts à cause de la pandémie de la Covid-19. En effet, avec les dernières estimations, la croissance serait négative.
Elle serait de -0,7%, alors qu’elle était initialement projetée à 6,8% dans la Loi de Finances initiale 2020, selon Amadou Hott, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération inter-nationale. «Le taux de croissance de 2020 devait s’établir à+1,1%. Il y avait une hypothèse comme quoi la reprise des activités allait être importante à partir du troisième trimestre. Mais on s’est rendu compte que la Covid s’est installée. Si les choses ne s’améliorent pas ailleurs, nous allons le sentir. On risque de passer à un taux de croissance de -0,7% si la tendance actuelle continue», a-t-il dit, hier, lors d’un atelier de validation de la revue annuelle conjointe (Rac) de la politique économique et sociale. «Après ces estimations, on a suivi de près la tournée du ministre de l’Agriculture qui pense qu’avec l’hivernage qu’on a eu cette année les productions vont augmenter plus que prévu. Il y a de fortes chances qu’on revoie cette hypothèse de -0,7% dans un mois ou deux mois, lorsqu’on aura toutes les données statistiques agricoles, nous verrons quel sera le nouveau taux de croissance»,dédramatise le ministre Hott.
Pour rassurer les bailleurs du Sénégal, le ministre soutient que le Plan de résilience économique et sociale mis en œuvre pour atténuer les impacts de la pandémie sur notre économie commencent à produire des résultats probants. Il affirme assure aussi que les ressources engagées dans ce plan feront d’une évaluation minutieuse et rigoureuse. «La mise en place du Comité de suivi du fonds force Covid-19 dirigée par une personnalité indépendante, témoigne de la volonté manifeste de transparence du Président de la République dans la gestion de nos finances publiques. Ce comité s’est attelé depuis quelques temps à une évaluation de l’état d’exécution des ressources mobilisées à travers des rencontres régulière-ment organisées avec l’implication de l’ensemble des acteurs»,dit-il.Ces estimations douchent l’optimisme du président de la République qui tablait sur un taux de croissance de 3%. En effet, lors de son adresse à la Nation le 3avril dernier, Macky Sall avait déclaré: «Notre croissance économique soutenue sur plusieurs années est brutalement freinée et passera de 6,8% à moins de3%». Des prévisions jugées trop optimistes à l’époque par son ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, qui parlait plutôt de ré-cession. «Ce serait faire preuve d’un optimisme excessif que de croire en une croissance de l’économie sénégalaise de 3%en 2020 comme récemment annoncée. Il convient plutôt de pré-parer la Nation à une récession économique (baisse du PIB significative) et au mieux à une croissance du PIB qui ne saurait être supérieure au croît démo-graphique. Les Sénégalais doivent prendre conscience d’une augmentation inévitable de la pauvreté et être mis dans une attitude de mobilisation pour reconstruire une économie dont on constatera inévitablement qu’elle aura été très affectée par la crise du Covid-19»,avait-il dit. Et d’ajouter: «Il faut à tout prix éviter les projections de croissance trop optimistes qui porteraient des lendemains de grosse déception. Partout dans le monde les pays annoncent des récessions économiques de grande amplitude. Partout la demande et l’offre baissent tandis que le chômage bouscule des records».
Magib GAYE