La série d’agressions notées au niveau du pont dit de l’Emergence indispose les riverains. Lesquels pointent du doigt le laxisme des autorités publiques qui, selon eux, manquent de volonté politique pour assurer la sécurité dans cette zone.
S’il y a des populations des quartiers de Dakar qui ne dorment plus du sommeil du juste, à cause des malfrats qui agressent dès la tombée de la nuit, ce sont les riveraines du pont dit de l’Emergence. Sur cette zone, il ne se passe pas deux jours sans qu’un habitant ou passant ne soit la cible de malfrats armés de couteaux ou de gourdins. Ce, malgré les multiples appels lancés aux autorités locales et celles chargées de la sécurité publique. Pour Fallou Niang, trouvé devant sa maison sise à Patte d’Oie en face de Nabil Choucair, c’est l’Etat qui a failli à ses responsabilités.
«C’est le ministère de l’Intérieur qui devrait assurer la sécurité autour du pont de l’Emergence. Nous avons suffisamment d’éléments de gendarmerie et de police pour veiller la nuit ou faire la ronde au niveau du pont pour assurer la sécurité des populations.», déclare Fallou Niang. «Il n’y a aucune condition qui est créée pour assurer la sécurité autour de ce pont. Moi, je dis que ces agressions récurrentes commencent à être excessives. Nous vivons, ici, avec la peur au ventre. En période de chaleur, on n’ose même pas mettre le pied dehors, pour prendre de l’air, de peur d’être agressés. Dès 22 heures, on verrouille toutes les portes des maisons. Il faut trouver une solution, sinon les gens finiront par assurer leur propre sécurité. Et là vous connaissez les conséquences», avertit cet autre père de famille du nom de Ousmane Guèye habitant la commune de Patte d’Oie.
Si les populations riveraines crient leur ras-le-bol, au niveau des boutiquiers, tabliers établis dans les parages et autres passants, c’est aussi le même son de cloche. Ils ne réclament qu’une seule chose, la sécurité dans la zone. Vendeur de portable et autres accessoires, Galaye Sène déclare qu’il est impossible de vendre sur les alentours du pont jusqu’à 22 heures. Il affirme que les agresseurs sont pressés de voir les policiers qui veillent à la fluidité de la circulation quitter les lieux pour venir dicter leur loi. Le jeune garçon rappelle que, l’année dernière, une dame prise en embuscade et qui tentait d’échapper aux agresseurs est tombée du haut du pont et elle s’est retrouvée avec une jambe cassée. Et finalement, explique-t-il, évacuée à l’hôpital, la femme avait fini par rendre l’âme. Une affaire qui avait mis les populations riveraines dans tous leurs états. Poursuivant Galaye Sène ajoute que, à l’époque, le commissariat des Parcelles assainies avait déployé sur les lieux quelques éléments de police. Mais juste pour que les populations se calment, après il n’y a pas eu de suivi. Pour lui, il faut un travail coordonné entre les forces de l’ordre et les mairies de Patte d’Oie et de Grand-Yoff. Parce que, dit-il, c’est un édifice qui enjambe deux communes différentes. Et chacune doit y jouer son rôle.
Laissés à eux-mêmes, d’autres habitants ont trouvé l’astuce pour assurer la sécurité dans leurs quartiers. En quoi faisant ? Ils se sont cotisés pour recruter des hommes de main qui vont faire le tour de leurs domiciles à la tombée de la nuit afin d’assurer leur sécurité. C’est le cas à Mixta, une cité lovée dans une cuvette nichée entre les Parcelles assainies, le stade Léopold Sédar Senghor et le lycée Sergent Lamine Camara ex-Lycée moderne de Dakar (Lymodak). «C’est une astuce que la cité a mise en place depuis des années. Nous avons recruté des éléments pour sécuriser la cité. Au niveau du pont, on signale presque chaque jour des agressions. Parfois, les malfrats descendent jusqu’au niveau de la cité pour opérer. C’est très risqué la nuit de traverser le pont pour aller de l’autre côté même en cas d’urgence», renseigne Souleymane Ngom rencontré devant le stade Léopold Sédar Senghor.
Nos tentatives d’entrer en contact avec le nouveau commissaire de police des Parcelles assainies pour avoir sa réaction sont restées vaines.
Samba BARRY