L’Uemoa a soufflé sa 25ème bougie avant-hier à Dakar. Mais, après une génération, l’enthousiasme suscité par la naissance de cette union peine à croître. Cela, à cause notamment des persistants défis à relever.
Voila un quart de siècle que l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) existe. Mais, elle peine toujours à relever certains défis, malgré les progrès dont elle se satisfait. Les représentants de ladite institution ont convoqué ces problématiques, avant-hier, lors de la célébration des 25 ans de l’union, à Dakar.
Pour Alassane Dramane Ouattara, président en exercice de l’Uemoa, qui était en visioconférence, les pays de l’Union ont fait des efforts en ce qui concerne les critères de convergence. «Pour l’année 2019, selon la commission de l’Uemoa, la quasi-totalité des pays de notre union, respectera l’ensemble des trois critères de convergence de premier rang (qui concernent le déficit budgétaire, l’inflation en dessous de 3 % et le ratio de 60 %», a-t-il estimé. Un progrès, noyé par les nombreux défis. En effet, dans la suite de son speech, il a rappelé qu’il y a des défis, liés à l’immigration, au dérèglement climatique, à la sécurité, à l’environnement international de plus en plus incertain. Pour le président ivoirien, «c’est à nous (membres de l’Uemoa) qu’il appartient de nous y adapter de manière adéquate».
Dans la même veine, le Représentant résident de la Commission de l’Uemoa à Dakar, Aïssa Kabo, a posé la problématique de la faiblesse du taux d’échange intracommunautaire. «Le taux du commerce intracommunautaire ne représente que 16 % des échanges des pays de l’Uemoa», estime-t-elle. Non sans déplorer, par ailleurs, «les nombreux prélèvements sur les corridors inter-états de l’Union». Ce qui semble «injustifié et démesuré». Elle indique, en outre, que l’Union a entrepris des réformes d’envergure qui ont fait d’elle un modèle d’intégration alors que les citoyens de l’espace Uemoa rencontrent, au quotidien, des difficultés. Pour illustrer ses propos, elle estime que la Nana Benz passe au moins cinq heures sous la chaleur de 30 à 45° à chaque fois qu’elle doit franchir les frontières, le Bana Bana du Sénégal se fait contrôler au moins neuf fois de Dakar à Bamako, les transporteurs payent des taxes illicites aux contrôles, l’étudiant togolais doit payer cinq fois plus cher que son ami nigérien dans une université de Niamey, etc. Des exemples, souligne-t-elle, donnés pour illustrer le choix du thème de la célébration des 25 ans de l’Uemoa.
Ces défis persistent après moult réformes. Mme Kabo estime qu’il y en a eu 120 textes communautaires depuis 1994, année de création de l’Uemoa. Pour elle, l’Union devra prendre en compte les nouveaux défis tels que l’insécurité persistante, l’immigration clandestine, le changement climatique, le déficit énergétique, la tolérance zéro face aux entraves liées à la circulation des personnes et des biens…
Dans la foulée, le ministre du Plan et de la Coopération du Sénégal, Amadou Hott, a reconnu qu’il y a des défis importants, mais qu’il faut «redoubler d’effort» pour ce qui est par exemple du contrôle sur les corridors, de la situation d’insécurité, engendrée par le terrorisme.
Dans un tel contexte, l’ancien patron du Fonsis invite à porter la dynamique d’intégration régionale dans l’esprit de solidarité. Amadou Hott a également invité à prendre en compte la Zleca. «Il est extrêmement important que les entreprises de l’Union soient performantes et compétitives pour exporter facilement en dehors de l’Union», a-t-il insisté. Plus tôt, il a indiqué que la célébration des 25 ans à Dakar a un sens symbolique. «Dakar est le point de départ d’une longue histoire. C’est d’ici que les chefs d’Etat et de gouvernement, le 10 janvier 1994, ont pris la décision de créer l’Uemoa. Cela concomitamment à la dévaluation du Franc Cfa, la monnaie commune», a-t-il rappelé.
Emile DASYLVA