Dans une sortie, que la presse a jugée très musclée, Me Malick SALL a revendiqué dans l’arrestation du journaliste Adama GAYE avant de formuler des menaces envers ceux qui seraient tenter « de fouler aux pieds les fondamentaux de la République et les Institutions ». Seulement, dans ce louable exercice, il faudrait, pour que cela marche, le concours de Macky SALL, invité à être le président de tous.
«J’assume ma totale responsabilité» dans l’arrestation du journaliste Adama GAYE (…) La justice n’autorisera personne de fouler aux pieds les fondamentaux de la République et les institutions. Lorsque ces institutions sont banalisées, c’est la porte ouverte à la déstabilisation. En tant que garde des Sceaux, il est de ma responsabilité de protéger les institutions de ce pays. Je ne peux pas personnellement en tant que garde des Sceaux, voir qu’un individu par ses écrits, ses déclarations passer son temps à insulter la plus haute institution de ce pays en l’occurrence le président de la République. Je ne peux pas rester les bras croisés». On se croirait rêver en écoutant Me Malick SALL parler ainsi. Ceux qui pensaient que le ministre Ismael Madior FALL n’avait pas d’égal déchantent au fil des sorties de son remplaçant à la tête du département de la Justice. Après une première sortie calamiteuse, à l’Assemblée nationale où il s’était livré à un insipide « dagassanté », Me Malick SALL enchaine et part pour battre tous les records de taillage du droit. En effet, alors que la cacophonie était à son paroxysme et que la Justice était plus que sollicitée pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur le scandale Petro Tim, Me SALL s’est réfugié derrière un « la BBC peut être manipulée ». Avant d’écarter toute éventuelle poursuite contre le « frère de l’Etat ». « Aliou SALL a dit que tout ce qui a été dit contre lui est faux. Il a nié les faits. Il a indiqué qu’il va saisir la justice sénégalaise et celle anglaise pour que cette affaire soit tirée au clair. Je suis convaincu que les juridictions feront le nécessaire pour que la vérité éclate dans cette affaire. Je ne suis pas un procureur encore moins un juge. Celui s’estime diffamer dans cette affaire a saisi la justice pour que la vérité éclate », avait-il argué. Et maintenant que Macky SALL et son frère ne sont pas en cause, Me SALL accepte d’être le procureur et celui qui a jeté Adama GAYE en prison.
Seulement, le ministre de la Justice avait-il besoin de cette sortie pour persuader les Sénégalais que le procureur a été activé avant d’envoyer les éléments de la Division des investigations criminelles (DIC) cueillir Adama GAYE ? Ce n’est que confirmer ce que la majorité des Sénégalais savaient déjà et comme le souligne pertinemment Alioune TINE. « Notre institution judiciaire a les mains trop liées surtout sur des questions politiques. Nous n’avons pas encore une justice capable de traiter avec impartialité et en toute indépendance les affaires politiques, surtout quand les mis en cause sont du pouvoir. Le Procureur de la République est très puissant, mais il obéit à sa hiérarchie, au ministère de la Justice qui obéit à la présidence de la République», a analysé l’ancien président de la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’Homme (RADDHO). Presque tous les Sénégalais s’accordent sur la fragilité de l’Institution judiciaire trop inféodée au pouvoir exécutif qui en use en en abuse. N’est-ce pas là un énorme sentier pour le “protecteur des institutions”. En outre, le président continue à présider des réunions de son parti et de sa coalition au palais de la République transformé en permanence-bis de l’APR. Farba NGOM, griot de Macky SALL et non moins député, n’y a-t-il pas boxé Birame FAYE alors directeur général de l’ANPEJ ? La même présidence accueillit un autre combat de coqs opposant le même Farba NGOM à l’ancien ministre Abou LO. Sous les yeux de Macky SALL, des chaises se sont envolées, des tables renversées. Point besoin de revenir sur le deux poids deux mesures noté dans le traitement des rapports des corps de contrîole. Quand l’IGE épingle Khalifa SALL, il est envoyé en prison. Mais quand c’est Mame Mbaye NIANG, Moustapha DIOP ou Cheikh Oumar ANNE qui est épinglé par la Cour des comptes, l’IGE ou même l’OFNAC, ce sont de magistrats qui sont envoyés se faire balader.
La tâche que s’assigne Me Malick SALL est aussi noble que louable. Mais, c’est uniquement en incarnant la respectabilité que les Institutions seront honorées.
Mame Birame WATHIE