Le Maire de Guédiawaye ne s’est pas s’adressé à la presse. Aliou Sall a fait faux bond à tout le monde. Son alibi, ses militants lui ont refusé l’accès à l’hôtel de ville de sa mairie, où il devait faire sa déclaration de presse.
En lieu et place d’une déclaration à la presse, à ses militants et sympathisants, Aliou Sall a servi une véritable mise en scène, digne d’un film d’Hollywood. Le Maire de Guédiawaye ne s’est pas s’adressé à la presse. Aliou Sall a fait faux bond à tout le monde. En effet, attendu à 15 heures, le frère du président de la République s’est pointé, ou du moins, a cherché à pénétrer dans l’enceinte de la cour de l’hôtel de ville, vers les coups de 16 heures. Mais, dès que son imposant convoi est arrivé, les nombreux militants qui s’étaient massés dans la cour de la mairie et qui, visiblement sont acquis à sa cause, ont bloqué le portail qui donne accès à la cour de la mairie. En effet, à la vue du convoi, ils se sont levés comme un seul homme pour lui barrer le chemin, l’empêchant ainsi d’accéder sur les lieux où il devait faire sa déclaration. «Notre maire et futur Président du Sénégal ne parlera pas» ; «Guédiawaye s’érige en bouclier face à la haine et s’exprime à la place de son maire», «Non au complot ourdi contre Aliou Sall », etc, scandaient ses militants. Des responsables locaux, des femmes et des jeunes membres de la Cojer et d’autres apéristes du département de Guédiawaye ont promis de parler prochainement pour dénoncer «la tentative de diabolisation» du frère du Président Macky Sall.
Ainsi, après quelques tentatives molles pour forcer le barrage mis en place par ses militants, Aliou Sall et son convoi ont rebroussé chemin. Le maire de Guédiawaye et frère du président de la République, accusé d’avoir fait perdre 10 milliards de dollars à l’Etat du Sénégal par la chaîne anglaise Bbc, a renoncé, du coup, à sa déclaration à la presse. Pourtant, beaucoup de Sénégalais attendent toujours sa réaction après le démenti que lui a infligé El Hadj Hamidou Kassé. En effet, contrairement à ses dénégations, le conseiller en communication de son frère de président de la République a avoué sur la chaîne de télévision francophone Tv5 qu’il a bel et bien reçu 250 mille dollars de Frank Timis, l’homme d’affaires roumains que l’Etat du Sénégal a cédé les blocs de gaz et de pétrole de Cayar offshore et Saint-Louis offshore. Que nenni, Aliou Sall est reparti avec sa garde rapprochée vers une destination inconnue. Contactées, deux personnes qui étaient dans son convoi ont avoué ignorer leur destination. Pourtant, les forces de l’ordre de Guédiawaye s’étaient déployées sur les lieux, deux Pick-up de policiers étaient stationnés devant la porte d’entrée de la cour de l’hôtel de ville. Les plus hauts gradés de la police du département étaient également présents sur les lieux. Mais, bizarrement, les hommes en tenue n’ont pas pu dégager le chemin pour permettre au premier magistrat de leur ville d’accéder à son lieu de travail et de s’exprimer en toute sécurité.
Leur mission accomplie, Aliou Sall parti sans piper le moindre le mot, ses partisans ont commencé à jubiler et à crier victoire. «Nous avons juré qu’il ne s’exprimera plus sur cette affaire et nous avons réussi», jubile une dame. «Guédiawaye derrière son maire, un homme irréprochable», s’exclame sa copine. Mais leur jubilation sera de très courte durée, car peu après, sa démission de son poste de Directeur général de la Caisse de dépôts et consignations a commencé à circuler dans la foule. «Non, il ne peut et ne doit pas démissionner sous la pression», s’insurge l’une des femmes qui criait tout à l’heure victoire. Mais un homme qui était à côté d’elle s’empresser de rectifier. «Il n’a pas démissionné de son poste de maire, mais de la Cdc», lui dit-elle. Une autre dame qui suivait leur conversation et qui affirme qu’elle était la suppléante d’Aliou Sall sur les listes lors des élections locales, s’énerve et lance tout de go. «Il peut démissionner de la Caisse de dépôts et consignations, mais son mandat de maire de Guédiawaye ne lui appartient pas, mais appartient aux populations qui lui ont fait confiance. Donc il doit respecter jusqu’au bout le choix de ses électeurs».
Charles Gaïky DIENE