Dans un entretien diffusé à la télévision nationale burkinabè, Ibrahim TRAORE n’a pas porté de gant pour s’en prendre à la Côte d’Ivoire. Selon lui, Abidjan serait en train de jouer à un jeu flou dans le cadre de la lutte antiterroriste qui préoccupe son régime.
Pour le président de la transition, la Côte d’Ivoire est une base arrière des terroristes. La dernière rencontre tenue entre les autorités militaires du Burkina Faso et de Côte d’Ivoire n’a visiblement pas encore porté de fruit dans le règlement des différends entre les deux pays. À entendre Ibrahim TRAORE, le Burkina Faso reste sur ses gardes et observe Abidjan.
Car révèle-t-il, la Côte d’Ivoire est en passe d’être une base arrière des terroristes qui troublent la quiétude des populations burkinabè. A titre d’exemple, il a évoqué une récente opération des forces de défense et de sécurité burkinabè, au cours de laquelle des terroristes ont fui vers le territoire ivoirien sans être inquiété.
« Lorsque les unités sont arrivées à la frontière ivoirienne, je suivais l’opération de près et je félicite les soldats pour leur discipline. Ils n’étaient pas obligés de s’arrêter et d’observer les terroristes à 50 mètres au-delà du fleuve, ils pouvaient envoyer des roquettes », a-t-il dit.
Le président TRAORE exprime son étonnement face au comportement des militaires ivoiriens qui arrivent à arrêter des soldats burkinabè qui font irruption sur leur territoire ; mais qui restent inactifs face aux agissements des terroristes qui trouvent refuge dans les localités ivoiriennes situées à la frontière.
« Tous les déstabilisateurs du Burkina Faso sont là-bas (Côte d’Ivoire), ils ne se cachent pas. Il y a des gens qui sont poursuivis et qui sont là-bas. Il n’y a pas eu de collaboration. A un moment donné, il faut arrêter l’hypocrisie, il faut dire la vérité. Il y a un problème ».
Il déplore la posture des soldats ivoiriens et rappelle que le Burkina Faso aussi avait connu ça par le passé. « Ce sont des comportements qui ne sont pas bien, il faut le dire. Le Burkina Faso a connu ça aussi. On était une base arrière des terroristes ». Et d’inviter les autorités ivoiriennes à revenir en de meilleurs sentiments.
Selon Ibrahim Traoré, des discussions étaient en cours entre lui et Alassane Ouattara pour résoudre le problème.
« Au début, on a un peu échangé au téléphone, il m’a envoyé des émissaires et on a discuté, on espérait que les choses aillent dans le bon sens. Mais peut-être qu’on n’a pas cédé à certaines choses… On ne sait pas ce qui s’est passé. Il y avait le contact, mais ça s’est rompu », a-t-il confié.
Concernant les conflits frontaliers entre les deux pays, il révèle qu’ils sont fréquents. Les derniers en date ont conduit à l’interpellation de deux gendarmes au Burkina Faso et de deux soldats burkinabè en Côte d’Ivoire. Une situation que le chef de la junte semble minimiser. « Incidents mineurs… Ça, ce n’est pas un problème pour nous », a déclaré Ibrahim TRAORE.
Khadija NDIAYE