La disparition de Sidy Lamine Niass, mardi 04 décembre 2018, a touchétoutes les forces vives de la Nation.
Au-delà de son engagement pour la défense des sans-voix, les acteurs de la société civile et les militants desdroits humains et de la liberté d’expression pleurent celui qu’ils appellentleur collaborateur. Parmi ces derniers, figurent en première ligne lesfondateurs du mouvement citoyen Y en a marre, créé en 2011 sous lerégime libéral d’Abdoulaye Wade. Venu hier présenter leurs condoléances à la famille de Sidy Lamine, ces activistes évoquent laperte d’un souteneur de première heure. «C’est tout le Sénégal quipleure Sidy Lamine Niass, particulièrement le mouvement Y en a marre.Il était notre premier souteneur. Il nous avait très tôt compris. Au débutde la création de notre mouvement, il était le seul à nous accueillir à bras ouverts. Tous les autres médias avaient peur de nous tendre leurs micros», a déclaré Fadel Barro, membre fondateur et coordonnateur dumouvement en question. Selon ce journaliste de formation, c’est le groupe Wal Fadjiri qui leur aoffert leur première émission, à travers l’émission black label sur Walf-Fm. A l’époque, informe-t-il, ses camardes et lui préparaient leurmanifestation du 19 mars 2011. «A travers une émission de rap, il nousavait offert un plateau spécial. Le concept Nouveau type de sénégalais(Nts) a été créé, le même jour, dans les locaux de Walf. Il ne nous a jamais censurés. On discutera de lui d’ici cent ans. Comment une seulepersonne a pu façonner toute une génération ? C’est ce qu’a fait Sidy Lamine. Il a décomplexé beaucoup de personnes. On avait pensé qu’un marabout n’a pas le droit de parler de la politique, de jeter une pierredans les foyers religieux, de s’autocritiquer, etc. il a décloisonné cettebarrière. Il ne l’a pas fait pour son intérêt personnel mais pour tous lescitoyens. Il était un patriote». Accompagné du rappeur Thiat et de deux autres membres dumouvement, Fadel confie. «Un train qui arrive à l’heure n’intéresse pasle journaliste. C’est sur lui que j’ai appris cette citation. Cette phrase qu’ilaimait rappeler, m’a poussé à aimer la profession de journaliste. Il disaitsouvent qu’un chien qui mord un individu ne doit pas intéresser lejournaliste, mais plutôt un individu qui mord le chien», se rappelle-t-il.Selon lui, sa dernière entrevue avec Sidy Lamine date de l’élection référendaire du 20 mars 2016. «C’était à l’occasion de la décision desautorités de fermer son organe le même jour. Cela nous avait trouvé à Kaolack, mais on avait tout fait pour nous présenter dans les locaux. Ilnous avait encouragé sur cet engagement», explique-t-il.
Salif KA