Le paradoxe sénégalais! Il y a moins d’un an, le gouvernement s’enorgueillait d’avoir récolté 1 200 milliards d’eurobonds. Aujourd’hui, le ministre des Finances avoue que les finances publiques ne sont pas à leur meilleur niveau.
Le député et candidat à la présidentielle, Mamadou Lamine Diallo demande au gouvernement de Macky Sall d’expliquer comment il a dépensé les 1 200 milliards d’eurobonds empruntés en 2018. Car, selon lui, le Trésor n’a plus d’argent. «En vérité, le gouvernement ne peut plus faire face aux dépenses engagées et ordonnancées, il accumule des arriérés intérieurs, le cancer de l’économie dans notre pays», écrit-il dans sa question économique hebdomadaire. «La plupart de nos entreprises sénégalaises ont des affaires avec l’Etat. Ce sont elles qui subissent de plein fouet la crise financière du Trésor. Beaucoup vont fermer ou licencier des travailleurs. C’est la faute à Macky Sall qui ignore tout de la gestion macroéconomique d’un pays qui n’a pas d’influence sur les prix mondiaux (price taker)», poursuit le député. Il affirme qu’on a observé que cette année 2008, le gouvernement n’est pas allé sur le marché régional de l’Uemoa pour des bons du trésor ou des obligations. Selon lui il a préféré les eurobonds. «Qu’at- il fait de l’argent des eurobonds en ce moment précis où le ministre des Finances acculé, passe aux aveux sur la crise financière de l’Etat», s’interroge le député qui affirme qu’il enverra une question écrite au gouvernement.
D’autre part, il affirme que nous devons discuter des ressources naturelles. Car, à l’en croire, l’ex président Thabo Mbeki d’Afrique du Sud a dirigé un groupe de travail qui a conclu qu’une partie importante des 60 milliards de dollars de flux financiers illicites qui quittent l’Afrique chaque année provenait du secteur pétrolier et minier. «Le mécanisme mis en place est assez complexe. Il y a l’expérience décrite en Afrique concernant les bateaux fantômes qui exportent le pétrole sans trace comptable dont le produit des ventes se retrouve dans les comptes des chefs politiques africains.
C’est dire qu’il y a des clauses secrètes qui soit affectent des barils de pétrole ou des milliers de m3 de gaz naturel aux chefs politiques ou soit donnent pour chaque baril ou chaque millier de m3 de gaz vendu des dollars aux chefs politiques. Ces clauses ne figurent pas dans les contrats publiés par les gouvernements», souligne Mamadou Lamine Diallo.
Selon lui, toute la question est de savoir si dans le passage de Petro-tim à Timis Corporation puis à Kosmos, dans l’affaire du bloc offshore de St-Louis et Kayar, des clauses de ce genre n’ont pas été introduites, dans la mesure où l’inspection générale d’Etat a clairement indiqué que le permis d’exploration ne devait pas être donné à Petro tim. «Aly Ngouille Ndiaye a passé outre et a produit un faux rapport de présentation pour forcer la signature du décret d’attribution. Ce genre de pratique où la rente est partagée entre les firmes pétrolières et les chefs politiques africains est à l’origine de la malédiction des matières premières en Afrique. Les Etat occidentaux le savent. Ils ont inventé l’Itie pour se dédouaner et dire aux peuples africains les montants versés aux Etats. Quid des montants versés directement aux chefs politiques africains », conclut le député.
Charles Gaiky DIENE