CONTRIBUTION
Décidément, ici, au Sénégal, nous avons toujours cette mentalité euphorique propre aux attardés, surtout sur le plan sportif. Cette coupe du monde de basketball pour les dames en est une parfaite illustration. On se contente du peu. Une petite victoire (avec différence d’un point, ou d’un panier) et on s’emballe. Osons le dire ouvertement : cette participation est loin d’être «honorable», comme on tend à nous le faire croire. Au total, on se retrouve avec -43 paniers.
Première équipe africaine à gagner un match au Mondial ! D’accord. Et pourtant le Nigéria l’a fait, trois heures après et avec une différence de points plus importante face à la Turquie, donc dans la même journée. Si le hasard du calendrier des rencontres avait fait que le match Nigéria-Turquie s’était déroulé avant… Le Nigeria est resté modeste, très bien concentré pour bien aborder la suite, sans tambour ni trompette.
J’ai bien apprécié le post d’un journaliste sénégalais sur sa page Facebook ; il disait ceci : «C’est quoi cette «défaite encourageante» pour magnifier l’échec que nos «Lionnes» ont subi face aux Etats-Unis en coupe du monde de basket ? Une défaite reste une défaite. Culture de la médiocrité !!!». Voilà la culture de la suffisance, cette fâcheuse tendance à se contenter du peu. Pourquoi battre les Usa relèverait-il d’un extraordinaire miracle ? En 2002, pour le football, le Sénégal n’avait-il pas battu la France, championne du monde en titre alors que nous étions à notre toute première participation ? Et surtout, ce n’est pas la première fois que nos équipes de basket participent à des coupes du monde ou aux Jeux olympiques. Ou bien allons-nous juste nous contenter de nos performances au niveau africain ? Jusqu’à quand ? Il faut arrêter avec cette culture de la médiocrité et ce manque d’ambitions.
Une victoire contre la Lettonie et on s’emballe, on se voit déjà comme les plus beaux et les plus élégants, on change même notre façon de parler pendant les interviews, des communiqués qui sortent et le chef de l’Etat prend son téléphone et le nouvel entraîneur apparait comme un «messie». Triste sort pour un pays qui manque d’ambitions ! La Lettonie a été l’une des équipes les plus faibles de ce tournoi, trois défaites en autant de sorties (avec -30 points). En quoi battre la Lettonie in extremis (70-69) est-il si grandiose ? Arrêtons d’être suffisants et travaillons. Pendant ce temps, le Nigéria, l’autre équipe africaine, enchaine deux victoires, d’abord contre la Turquie et ensuite face à l’Argentine. Et mieux, il se qualifie face à la Grèce. Le Nigéria est donc la première équipe africaine à jouer les quarts de finale en coupe du monde. Allez, sortez les communiqués et emballez-vous !
On chute contre l’Espagne, pourtant c’était le match le plus facile. Et pourtant c’était bien parti pour le Sénégal parce que, pour la première fois depuis le début du tournoi, les filles étaient devant à la fin du premier quart temps. Qu’on ne vienne surtout pas nous parler du forfait de Bintou Diémé ou de la blessure d’Astou Traoré. L’entraîneur a à sa disposition douze (12) joueuses triées sur le volet, après une sélection rigoureuse. Cette équipe d’Espagne était jouable. On rappelle qu’elle a perdu contre la Belgique en match de poule. A la mi-temps, on était à égalité (34-34), malheureusement il nous manquait cette mentalité d’acier pour gérer la fin. C’est vraiment dommage ! En deux quarts-temps, le Sénégal n’a marqué que 14 points. Ceci n’est-il pas un record dans ce présent championnat ?
Travaillons et soyons moins euphoriques, travaillons et soyons plus structurés et concentrés ! Presque la même chose s’était passée au Mondial de football en Russie (une victoire, ensuite un nul et à la fin une défaite). Des détails nous perdent. Pendant ce temps, on déplace toute une clique en Espagne, comme si on allait au marché hebdomadaire. Le président de la fédération doit porter un nouveau discours et un message fort et cesser ses accointances financières répétées avec Gorgui Sy Dieng. Le ministre doit éviter de s’emballer. Une autorité ne doit pas s’emballer vite, une nation aussi. Travaillons et soyons moins euphoriques ! Travaillons et soyons moins suffisants !
Pape Mactar NDOYE