Poussée dans ses derniers retranchements, l’opposition au président Macky Sall est maintenant dans une logique de résistance active. Ses leaders ont posé, hier, le premier acte de résistance en passant outre l’arrêté Ousmane Ngom et en manifestant au centre-ville.
L’opposition refuse de se résigner face à la volonté du pouvoir d’imposer son desideratum politique. Ainsi, à six mois du scrutin présidentiel dont le premier tour est fixé au 24 février 2019, les partis de l’opposition se mobilisent de plus en plus. Regroupés autour du Front de résistance nationale (Frn), ils refusent de cautionner ce qu’ils considèrent comme un forcing du pouvoir. Ainsi, l’opposition radicale, poussée jusqu’à ses derniers retranchements, est maintenant dans une logique de résistance face au régime en place.
Les leaders avaient promis de se battre et d’utiliser tous les moyens politiques et juridiques pour faire plier le pouvoir. Hier, le Pds, la coalition Taxawu Sénégal, Rewmi, Grand parti, l’Act, Aj/Pads, Pastef, Tekki et tous les partis membres de l’opposition radicale, candidats ou non à cette présidentielle, ont posé le premier jalon de leur résistance face au régime en place. En effet, pour la première fois depuis longtemps, le Front de résistance nationale a passé outre l’interdiction du préfet de Dakar, a «violé» l’arrêté Ousmane Ngom et a manifesté au centre-ville. Fini donc la résistance passive avec le fameux trajet place de l’Obélisque-rond-point Rts, l’opposition entend maintenant déplacer le champ de bataille au centre-ville, devant les fenêtres du palais présidentiel.
L’opposition refuse d’avaliser le parrainage et surtout et elle rejette catégoriquement les décisions judiciaires qui ont conduit à l’exclusion des candidats déclarés Khalifa Sall et Karim Wade, deux figures de proue de l’opposition. Ces leaders dénoncent une «justice aux ordres» et soutiennent que seul le combat politique permettra de tordre la main du président Macky Sall qui persiste, selon eux, dans sa volonté d’éliminer ses potentiels adversaires pour la présidentielle de février à venir.
Ainsi, le Pds, envers et contre tous, va présenter la candidature de Karim Wade à la prochaine présidentielle. Le ministère de l’Intérieur l’a radié des listes électorales, lui déniant ainsi sa qualité d’électeur et donc le droit de se présenter à ce scrutin. Et la Cour suprême qui a été saisie s’est déclarée incompétente. Mais, malgré tout cela, et malgré son opposition au système de parrainage, le Pds défie le chef de l’Etat et informe l’opinion nationale et internationale ainsi que des mouvements de soutien du démarrage le 8 septembre de la campagne de collecte de signatures de Karim Wade. Mieux, le Pds demande à tous ses responsables de se tenir prêt à mener une campagne de collecte victorieuse et à imposer la candidature de Karim Wade et de toutes les victimes de la «justice aux ordres» de Macky Sall.
Charles Gaïky DIENE