L’Assemblée nationale était sens dessus dessous ce vendredi 1er juin.
L’examen du projet de loi devant autoriser au président de la République de Accord de Coopération Intergouvernemental « ACI » portant sur l’exploitation du champ gazier Grand Tortue Ahmeyin (GTA) se trouvant au niveau des frontières maritimes entre le Sénégal et la Mauritanie n’a pas été de tout repos. Députés de l’opposition et ceux de la majorité se sont encore crêpés le chignon, sous l’œil malveillant de Moustapha NIASSE qui a encore fait des siennes. Ousmane SONKO, qui s’est très tôt mis au garde-à-vous, décidé à combattre ledit projet, a subi la loi du nombre. Ses préoccupations multipliées par zéro, ses atermoiements n’ont réussi à éloigner le leader de l’AFP de son siège que le temps d’une bouderie de bambin.
Pour Moustapha NIASSE et les députés de la majorité, les collègues de l’opposition veulent juste leur mettre les bâtons dans les roues. «Je pense que ces gens-là sont en train de faire du n’importe quoi. C’est-à-dire faire de l’opposition nihiliste. Il faudrait que l’on soit sérieux. Il faudrait que l’on soit responsable. Il faudrait que l’on sache qu’un pays, ça ne se gère pas à la légère. Le président de la République et son gouvernement ont négocié avec les autorités mauritaniennes, pour, aujourd’hui, avoir un accord de partage des ressources, chacun ayant 50%. On ne peut pas, aujourd’hui, rien imposer à la Mauritanie, d’autant plus que c’est une frontière qui a toujours amené des litiges. Ne serait-ce que, pour la paix, pour apaiser les esprits », a déclaré Abdou MBOW, vice-président de l’Assemblée nationale du Sénégal. Selon le responsable de l’APR, le gouvernement a pris ses responsabilités dans cette affaire et a joué la carte de la transparence. Seulement, Abdou MBOW ne s’est pas arrêté à ces explications. Face aux opposants qui doutent de l’équilibre du partage des ressources entre les deux pays, il peste : « qui dit que la Mauritanie n’a pas la plus grande part. Personne ne peut le dire, aujourd’hui ».
LIRE AUSSI : En visite en Mauritanie, Macky SALL cède l’essentiel
Et c’est justement là où se trouve le problème. Si personne n’est en mesure de situer et d’évaluer les ressources, comment en est-on arrivé à ce partage de 50/50 ? tous les opposants qui se sont offusqués de l’accord, ont mis en exergue l’absence de donner justifiant ledit partage. « Le partage 50/50 signifie qu’il y a une étude certifiant qu’une partie de ce gisement est au Sénégal et que l’autre moitié est en Mauritanie. Nous n’avons pas de documents qui l’attestent. Qu’est ce qui nous dit que 90% du gisement ne sont pas au Sénégal. Et si c’est le cas, pourquoi devrions-nous partager, à part égale, les bénéfices de cette exploitation », a réagi Déthié FALL, hier au sortir de l’Hémicycle. Et le vice-président de Rewmi d’asséner : « Ne pensons que le président de la République, Macky SALL n’a pas négocié dans le sens des intérêts du Sénégal ».
Même son de cloche pour Mamadou Lamine DIALLO qui est allé même plus loin. « Dans ce dossier, même si les recherches ont débuté en Mauritanie, le réservoir de gaz se trouverait en territoire sénégalais. C’est la raison pour laquelle Kosmos est venue au Sénégal », a soutenu le député, leader du mouvement Tekki.
Le président Macky SALL qui s’est rendu les 8 et 9 février 2018 en Mauritanie en catastrophe, au lendemain de la mort d’un pêcheur de Nguet-Ndar, est revenu du pays de Mohamed Oud Abdel Aziz, avec ce seul accord dans les valises. Et le fifty-fifty qu’il a conclu en étant en position de faiblesse (un pêcheur sénégalais est tué et c’est lui qui se déplace) est loin de faire l’unanimité. Comme Abdou MBOW le suggère, beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que Macky SALL s’est dépêché de signer cet accord pour « apaiser les esprits ».
Mame Birame WATHIE