L’absence probable de Khalifa Sall et Karim Wade de la prochaine Présidentielle fait jubiler dans les travées du pouvoir.
Seulement, la nature ayant horreur du vide, le boulevard pourrait bien profiter à un Ovni nommé…Idy.
C’est presque clair que Karim Wade ne sera pas de la course à la Présidentielle 2019. Quelques éléments expliquent cette quasi-certitude. D’abord, il a été condamné, en 2015, à une peine qui lui ôte toute possibilité de se présenter à une élection présidentielle, du fait de la perte de ses droits civiques, complémentaire à la peine principale de 6 ans qui lui a été infligée. Ensuite, le «deal», conclu en petit comité, semble l’éloigner pour très longtemps des pistes de compétition. Son parti a beau clamer qu’il est le seul candidat –«Plan A à Z», disent ses zélateurs- il reste que peu de personnes sont convaincues d’une telle éventualité. Beaucoup de responsables de premier rang ont, d’ailleurs, sur cette base, préféré prendre le large pour éviter tout effet de surprise.
Karim out, un autre challenger sérieux de Macky demeure dans les liens de la prévention. Sans entrer dans le fond de la caisse d’avance dont le procès se tient actuellement, on peut présumer, sans jouer les devins, que les débats tendent à une condamnation du maire de la ville-capitale. S’il y a à épiloguer, c’est peut-être sur l’ampleur de la peine principale et la portée des peines complémentaires. Ça, c’est le terrain judiciaire. Sur le champ politique, Khalifa Sall, pour avoir très tôt affiché son ambition d’être calife à la place du calife, s’est installé confortablement dans la ligne de mire du pouvoir avec la complicité de son parti. Alors, comme dans une corrida espagnole avec mise à mort programmée, tous les moyens sont mis en œuvre pour que le désormais ex-responsable socialiste de Grand-Yoff demeure sur la touche lors de la prochaine élection.
Ceux que l’on appelle affectueusement les papys de la politique se sont volontairement mis en retrait avec, en contrepartie, des présidences d’institutions à partir desquelles ils pourraient faire valablement faire valoir leurs droits à une pension de retraite.
La Ld et le Pit, même sans leurs secousses internes, ne pourraient constituer un danger sérieux pour Macky Sall. La crainte, au niveau de ces formations spécialisées dans l’agit-prop, se situe au niveau de leurs puissants relais au niveau des centrales syndicales, traditionnellement encartées à gauche. Il n’aura d’ailleurs échappé à personne, que, alors que l’on est loin de la fête du travail, le thermomètre social affiche des niveaux élevés.
Tous ces facteurs réunis sont autant d’épines en moins dans le pied de Macky. Hélas, ce sont aussi autant de somnifères pour ce dernier qui a presque la certitude de passer au premier tour sans coup férir. Des officines du pouvoir est, d’ailleurs, sorti ce chiffre de 60 % avec, en toile de fond, un budget 2019 dont un fort pourcentage est affecté aux secteurs sociaux. L’un dans l’autre, la mouvance présidentielle, comme enfermée dans une tour d’ivoire, a les yeux tellement rivés sur le guidon qu’il ne fait attention ni à sa droite ni à sa gauche. Sauf que, une lecture politique lucide l’amènerait à beaucoup faire attention à une bête politique nommée Idrissa Seck qui, apprenant de ses erreurs, est en train de faire le tour du Sénégal pour semer sa bonne parole. Lentement mais sûrement, le Président du Rewmi instille dans l’opinion un duel inéluctable entre lui et Macky Sall. Méthodiquement, il y travaille depuis sa sortie de la majorité présidentielle. Si Idrissa Seck a préféré sacrifier ses seconds pour se ranger derrière Khalifa Sall lors des dernières législatives, ce n’est certainement pas pour les beaux yeux du maire de Dakar. D’ici février 2019, tout acte qu’il posera sera pour l’attester.
Ibrahima ANNE