Sans que rien ne l’explique, le président SALL a consacré de nombreuses lignes à la paix en Casamance lors de son discours de nouvel an du 31 décembre dernier.
«Ce soir, j’ai surtout à cœur de vous entretenir de ce qui nous rassemble et nous unit en tant que Nation. Au-delà de nos convictions et choix individuels, le récit de notre histoire et la fibre émotionnelle qui relient chacun de nous à cette histoire nous rappellent, en effet, que nos sorts sont indéfectiblement liés. Pour ma part, je reste disponible et ouvert à toutes et à tous, sur le chemin qui nous mène vers notre destin commun, dans l’unité et la paix. Voilà pourquoi je lance, à nouveau, un appel solennel à tous nos compatriotes du MFDC pour la consolidation de la paix. Consolidons la paix, car nos progrès sont déjà substantiels, par le dialogue confiant que nous avons poursuivi toutes ces années avec le soutien constant des facilitateurs, que je salue et apprécie. Consolidons la paix, pour que les mesures d’accompagnement déjà initiées par le gouvernement soient confortées et produisent leur plein effet. Consolidons la paix, parce qu’une meilleure prise en charge des besoins de développement, dans l’équité territoriale et la justice sociale, s’offre à nous. Faisons enfin le pas décisif vers la paix définitive ; une paix sans vainqueurs, ni vaincus», avait déclaré Macky SALL. Analysant « cette extrapolation présidentielle », WalfQuotidien avait titré un de ses articles « Macky ressuscite le MFDC».
Comme le journaliste, beaucoup de Sénégalais s’étaient étonnés que le président accorde autant d’importance à un mouvement désorganisé et inactif depuis de nombreuses années. Tout comme beaucoup se sont interrogés sur la paix dont le président Macky SALL parlait. Etant entendu qu’à part des bandits de grands chemins qui écument impunément les voyageurs, aucune violence fondée sur une demande d’indépendance n’a été notée en Casamance depuis plusieurs années.
Ce regain d’intérêt présidentiel pour une paix déjà acquise peut-il être lié avec ce qui s’est passé ce samedi 6 janvier à Ziguinchor où 13 jeunes ont été froidement exécutés par des hommes armés ? Au lieu de bander les muscles en promettant l’enfer aux auteurs du massacre, l’Etat du Sénégal ne devrait-il pas se poser des questions sur sa stratégie ? D’autant que le même jour, il a fait libérer deux indépendantistes membres du mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). Ledit mouvement aura beau déclarer n’avoir rien à voir avec cette attaque, mais sa non-implication va devoir être prouvée. Tous les actes de violence posés dernièrement en Casamance et suffisamment importants pour être relayés par les médias, avaient pour victimes des commerçants et/ou des voyageurs. Des personnes dont l’attaque rapporte un gain à des malfrats plus préoccupés par l’argent qu’autre chose. Une considération qui inscrit le MFDC en tête de la liste des principaux suspects. Car ce qui s’est passé ce samedi est loin d’être un hold-up ou un braquage.
Et si le MFDC est coupable que cherchent ses membres ? Protéger un territoire? Se remettre effroyablement au-devant de la scène pour des négociations et des mallettes en retour ?
Mame Birame WATHIE