L’épouse du président nigérian Muhammadu Buhari menace de ne pas soutenir son mari s’il se présente à la prochaine élection présidentielle avec ses collaborateurs actuels.
Aisha Buhari pourrait se désolidariser de la candidature de son mari, si ce dernier veut briguer un second mandat sans revoir son entourage.
“Si les choses continuent de se passer tel quel jusqu’en 2019, je dois dire que je n’irai pas faire campagne. Je ne demanderai pas aux femmes d’aller voter comme j’ai pu le faire pour la campagne précédente. Je ne le recommencerai plus jamais”, a-t-elle déclaré dans une interview à la BBC.
Mme Buhari affirme que le président “ne connaît pas” la plupart des personnes dont il s’est entouré.
Selon elle, d’autres personnes ont choisi certains membres du gouvernement, à la place du chef de l’Etat.
Le président Buhari a été élu en mai 2015 sur la promesse surtout de combattre la corruption et le népotisme, en plus d’éliminer le groupe djihadiste Boko Haram.
Les propos de la Première dame pourraient défrayer le chronique, mais elles reflètent le malaise ambiant au sein du gouvernement dirigé par son mari, selon Naziru Mikailu, un correspondant de la BBC à Abuja, la capitale nigériane.
Muhammadu Buhari a pourtant estimé, lors de son investiture, qu’il appartenait “à tout le monde et à personne à la fois”.
La Première dame déclare que le président ne connait que cinq personnes parmi les 50 qu’il a nommées dans le gouvernement.
“Il appartient aux électeurs de décider…”
Si certains membres du gouvernement ne partagent pas la vision du Congrès progressiste (APC), le parti du président, c’est à cause de l’influence de “ces personnes-là”, selon Mme Buhari.
Priée de donner l’identité des personnes qui tireraient les ficelles dans le gouvernement, elle a éludé la question : “Vous saurez de qui je parle si vous regardez la télévision.”
“Il appartient aux électeurs de décider de cela”, a répondu Aicha Buhari à la question de savoir si c’était la faute du président de nommer au gouvernement des personnes qu’il ne connaissait pas.
Elle affirme que son mari ne lui a pas dit s’il prétendait briguer un second mandat en 2019 : “Il ne me l’a pas dit.”
A la question de savoir quels étaient les progrès réalisés par son mari, Mme Buhari a loué les résultats obtenus en matière de sécurité, notamment dans le nord du pays, où les insurgés de Boko Haram ont pris un net recul, après avoir fait des milliers de morts entre 2009 et 2015.
“Nous n’entendons plus personne parler d’agressions dans son propre domicile. Heureusement, chacun peut circuler librement, aller dans des lieux de culte, etc. Même les enfants de Maiduguri ont repris le chemin de l’école”, a-t-elle affirmé, en parlant de cette ville considérée comme le fief de Boko Haram.
BBC