Le Sénégal souffre d’un manque criard de psychiatres. Sur 17 millions d’habitants, le pays ne compte que 35 spécialistes.
Domaine important pour la prise en charge des personnes victimes de traumatisme ou de déficient mental, la santé mentale est le parent pauvre au Sénégal. En effet, pour 17 millions d’habitants, le pays ne compte que 35 psychiatres, à en croire, Dr Ibra Diagne, psychiatre, directeur adjoint du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) qui s’exprimait, vendredi, sur la gestion des incidents et les services de simulation. «On est aux alentours de 35 psychiatres dans toute l’étendue du pays malgré le fait que beaucoup d’efforts ont été consentis au Sénégal. Quand je me formais, on était que quelques dizaines mais actuellement il y a beaucoup de jeunes psychiatres qui se forment à Fann. Je pense que la santé mentale, malgré les efforts qui ont été consentis au niveau national, est mal connue. Car, dans les pays africains le plus souvent les maladies mentales sont moins prioritaires et les gens se focalisent beaucoup plus sur les pathologies infectieuses», explique Dr Ibra Diagne.
Le spécialiste soutient que la prise en charge psycho-sociale des urgences de santé publique chez les victimes en général est un volet qui est un peu laissé en rade au Sénégal. Pourtant, signale-t-il, la prise en charge psycho-sociale d’urgence est extrêmement importante «parce que quand il y a une incidence, une catastrophe ou une urgence de santé publique, il y a toujours des victimes qui peuvent être impactées sur le plan psychologique mais aussi sur le plan social». D’où l’intérêt, pour lui, d’avoir une prise en charge précoce mais aussi une prise en charge proactive pour éviter l’émergence de troubles psychologiques voire même stress post-traumatique. Toutefois, le psychiatre estime que d’ici quelques années, il a espoir qu’un nombre important de psychiatres sera formé et redéployés dans les différentes structures au grand bonheur des populations qui en ont besoin. Parce qu’indique-t-il, la santé mentale pose beaucoup de problèmes au Sénégal. «Mais depuis quelques années nous avons vu au Sénégal que c’est un volet qui prend de l’ampleur avec l’émergence du Centre des opérations d’urgences sanitaires. Et aussi la mise en place des équipes d’intervention rapide psycho-social. On est en train de mettre en place des équipes dans chaque région. Ce sont des équipes multi disciplinaires formés équipées pour prendre en charge les victimes en cas d’incident. Et au Sénégal, on a deux équipes d’intervention rapide qui est épidémique et psycho-sociale», assure Dr Ibra Diagne.
Samba BARRY