Les résultats du Baccalauréat 2016 ne sont pas encore définitifs mais laissent déjà un goût amer à la majorité des élèves. Oscillant en 37 et 38%, le taux de réussite, comme l’année dernière ainsi que celles d’avant, en plus d’être catastrophique est symptomatique d’un système éducatif sénégalais totalement à la ramasse qui n’innocente aucun des acteurs.
Est-il besoin d’attendre les résultats définitifs du Baccalauréat général 2016 pour se rendre compte qu’il s’agit d’une hécatombe pour les élèves ? Dans pratiquement toutes les régions du Sénégal, les lamentations ont fini par complétement noyer les cris de joie. Pourtant tout avait, semble-t-il, bien commencé. Lundi dernier, jour de proclamation des résultats, le président du jury 978 série L’1 établi au lycée technique Maurice Delafosse de Dakar se réjouissant presque des premières tendances. «Les résultats sont dans la norme, sachant que nous avons un taux moyen de 35% et là, on est à 37%. La moyenne de cette année dépasse naturellement celle de l’année dernière », s’est-il félicité. Presque en même temps, dans le même centre, le jury 977 refroidissait les ardeurs. Sur 350 élèves inscrits, seuls 29 ont été admis d’office. Cette tendance va se poursuivre maintenant le cap en-dessous des 20 % pour les élèves admis dès le premier tour. Les régions ne se sont pas mieux comportées. Bien au contraire, la même vague de désolation les a atteintes. A Kolda sur les 2104 candidats inscrits seuls 77 ont été admis d’office, selon des chiffres relayés par l’Agence de presse sénégalaise. A Zinguinchor, les candidats ne sont guère mieux lotis. Au centre collège Sacré-Cœur,13 admis au premier tour sur 314 candidats. Dans celui du collège Sidy Ahmed Aidara, autre désastre. Seuls 13 ont été déclarés admis d’office. A Linguère, 77 sont admis sur les 939 candidats inscrits. A Tambacounda, le taux de réussite est en deçà des 20%. Pas la peine de remuer le couteau dans la plaie. Les pleurs ont fortement retenti, renseignant du caractère nauséabond des résultats.
Seulement, faut-il réellement plaindre les élèves ? Leurs lamentations et autres cris de détresse devraient-ils prendre le dessus sur la prise de conscience de leur responsabilité dans le « malheur » qui leur arrive, en ce jour qu’ils ont pourtant longtemps attendu, espéré ? Youssou Kassé, président du jury 977, du lycée technique Maurice Delafosse de Dakar, repris par l’Aps n’a peut-être pas tort en pointant d’un doigt accusateur les élèves qui, selon lui, «ne viennent pas à l’école et, souvent, ils révisent les dernières semaines avant le début du Bac ». Car, dans cette affaire, les élèves ne sont pas indemnes de reproches. En plus de leur niveau extrêmement bas, la rigueur et le sérieux dans les études sont des vocables inaudibles dans leur laïus. Les 45 absents à l’examen au jury 977 du centre lycée technique Maurice Delafosse de Dakar, pourraient en témoigner.
Mais, ce serait injuste d’imputer la seule responsabilité de cet échec aux élèves. Si leur niveau est bas, c’est également, en grande partie, dû à leur encadrement. Avec des enseignants qui ont pratiquement le même niveau que leurs élèves, faudrait-il s’étonner d’une telle catastrophe. En plus d’avoir atterri dans l’enseignement par accident, beaucoup font cours accidentellement, pour avoir enchaîné des mots d’ordre de grève. Analysant les résultats, Mamadou Lamine Dianté, coordonnateur du Grand cadre des enseignants admet que «quand il y a perturbation dans le système éducatif, évidemment on s’attend à avoir des résultats comme ça. Et nous en sommes désolés, mais les résultats-là sont regrettables». Mais, que personne ne compte sur les syndicalistes pour endosser l’entière responsabilité de ce fiasco. «Nous considérons aujourd’hui que ce ne serait aucunement la responsabilité des syndicats d’enseignants, encore moins des enseignants qui ont payé pour la grève dans la mesure où on les a condamnés sur place sur le plan pécuniaire et administratif», précise, à juste titre, Dianté. Car, aussi bien dans l’organisation des examens que dans la responsabilité à faire respecter le quantum horaire, l’Etat du Sénégal a failli. Nous y reviendrons.
Mame Birame WATHIE