(Correspondance) – Jeudi 26 septembre 2024, les autorités sénégalaises et les familles des victimes du «Joola», vont commémorer, aussi bien à Ziguinchor qu’à Dakar, l’événement le plus douloureux de l’histoire des drames maritimes. Vingt deux ans après le naufrage du «Joola», les cérémonies, sur fond de promesses et d’engagements étatiques non tenus se suivent et se ressemblent. Des Ziguinchorois ont plaidé pour une autre façon de célébrer les anniversaires du naufrage du ferry Le Joola. Cette volonté est d’autant plus affirmée dans la région qui a payé le plus lourd tribut à ce drame qu’elle est manifestée en cette veille de la commémoration de la plus grande catastrophe maritime, en termes de pertes en vies humaines (plus de 1 863 morts officiellement et 64 rescapés), que l’humanité ait connue, le 26 septembre 2002.
Selon certaines de ces populations interpellées, ces cérémonies de commémoration sont devenues un moyen pour gagner de l’argent. «Il faut juste prier pour les victimes du naufrage dans les mosquées et églises et arrêter tout ce cérémonial qui tourne parfois autour d’un «renflouement des poches» avec de l’argent», souligne cet enseignant, Ahmadou Diédhiou. Pour Alphonse Badji : «Chaque année, c’est la même chose. Des discours au port ; de l’argent pour les responsables de l’Association (des familles des victimes) pour l’organisation. Finalement, on ne se retrouve plus». «Depuis 21 ans, rien n’a évolué, excepter la question des indemnisations. Chaque année, les mêmes doléances reviennent. Et cette année encore, l’on me dit qu’ils (les responsables) posent la question du renflouement (du bateau) tout en sachant qu’il sera difficile de renflouer un navire qui est resté 21 ans dans les eaux. Pire, les responsables des familles des victimes se crêpent les chignons, mettant en place deux structures parallèles qui se disputent l’organisation des activités de l’an 22 du naufrage du «Joola». Tout ça, pourquoi», se demande Valérie Bassène qui interpelle les plus hautes autorités sur cette situation.
Le Pm Ousmane Sonko, devrait diriger la délégation officielle
Surtout que les familles des victimes, toujours attristées par la perte de proche(s), préfèrent une célébration dans la plus grande sobriété à la place du «tintamarre» imprimé par ces responsables qui se sont même permis de désigner une «marraine» pour certains anniversaires comme l’an 20 du naufrage célébré en 2022. Une première pour un si malheureux évènement. Peut-être que ce 22e anniversaire sera un tournant dans le format de la célébration des anniversaires du naufrage.
En attendant, sauf changement de dernière minute, c’est le Premier ministre, Ousmane Sonko qui devrait conduire la délégation officielle qui, après sa descente à l’aéroport du Cap Skiring, devrait directement filer vers Ziguinchor pour rallier le cimetière mixte de Kantène (où reposent une quarantaine de victimes du naufrage), avant de rejoindre le Musée-Mémorial Joola de Ziguinchor pour un dépôt de gerbe de fleurs suivi des discours.
Amady Khalilou DIEME