L’inclusion des élèves en situation de handicap dans le système éducatif est un enjeu crucial
pour assurer l’égalité des chances. Le Sénégal a d’ailleurs ratifié la Convention relative aux
droits des personnes handicapées en 2010. Malgré cet engagement, les enfants en situation de
handicap continuent de faire face à de nombreux obstacles et selon une étude menée par
Handicap International, environ 50% des enfants handicapés en âge scolaire ne sont pas
scolarisés.
Des mesures concrètes peuvent être menées pour renverser la table et changer la vie de ces
milliers d’élèves qui sont aussi l’avenir du pays.
La première mesure qui vient à l’esprit est bien sûr celle de l’accessibilité des infrastructures.
Tout d’abord, l’installation de rampes d’accès qui permettent aux élèves de se déplacer
facilement entre les différentes parties de l’école. Parallèlement, les toilettes doivent être
adaptées aux besoins des élèves en situation de handicap. Cela inclut des toilettes plus larges,
des barres d’appui et des éviers à une hauteur accessible. Ensuite, les salles de classe doivent
être aménagées pour permettre un accès facile avec la mise à disposition d’un mobilier scolaire
ajustable (qui pourrait être géré de façon centralisée par les IEF) pour les élèves concernés.
Un autre aspect essentiel pour l’inclusion des élèves en situation de handicap est la formation
des enseignants. Ces derniers jouent un rôle crucial dans la création d’un environnement
d’apprentissage inclusif où chaque élève se sent accueilli et soutenu dans son parcours éducatif.
Des programmes de formation initiale et continue doivent donc de doter les enseignants de
compétences et de connaissances nécessaires pour répondre aux besoins spécifiques des élèves
en situation de handicap. Cela peut inclure des modules de différenciation pédagogique et de
stratégies de prise en compte des différents handicaps.
Une école inclusive implique aussi la nécessité de fournir des ressources pédagogiques
adaptées. Ces ressources sont essentielles pour garantir que tous les élèves, quel que soit leur
handicap, puissent accéder à une éducation de qualité et participer pleinement à la vie scolaire.
Ainsi, pour les élèves malvoyants ou aveugles, la disponibilité de manuels en braille est
indispensable, de même que les supports audio, tels que des livres audio ou des enregistrements
de cours, sont précieux pour les élèves ayant des difficultés de lecture. Il est à noter que les
technologies d’assistance jouent un rôle de plus en plus important dans l’éducation inclusive.
Des logiciels de synthèse vocale et des applications de reconnaissance de texte par exemple
sont autant d’outils qui peuvent bénéficier aux élèves en situation de handicap. En plus de
fournir des ressources spécifiques, il est également important d’adapter les supports
pédagogiques existants pour les rendre accessibles à tous les élèves. Cela peut inclure la
simplification du langage, l’utilisation d’images et de schémas pour faciliter la compréhension,
et la diversification des modes de présentation. Il est clair que la création de ressources
pédagogiques adaptées nécessite une collaboration étroite avec les éditeurs qui doivent être
encouragés à produire des versions accessibles de leurs manuels scolaires et de leurs autres
supports pédagogiques. Pour avoir discuté il y a quelques jours avec la directrice d’une grande
maison d’édition sénégalaise, je constate une réelle volonté de prendre part à cette dynamique.
Au-delà des mesures matérielles et des adaptations pédagogiques, une politique d’école
inclusive doit accorder une importance particulière à la sensibilisation et au changement des
attitudes. Cette dimension sociale est cruciale pour créer un environnement scolaire où chaque
élève est accepté, valorisé et respecté, indépendamment de son handicap ou non-handicap. A
ce titre, des campagnes de sensibilisation peuvent être organisées en partenariat avec le tissu
associatif. Ces campagnes viseraient à combattre les préjugés et les stéréotypes en mettant en
lumière les compétences, les talents et les contributions des personnes en situation de handicap.
Elles mettraient également en lumière les bénéfices de l’inclusion pour l’ensemble de la société.
La sensibilisation pourrait commencer au sein des écoles elles-mêmes, où les enseignants et le
personnel scolaire seraient davantage formés à l’inclusion.
Les élèves seraient eux-aussi
directement impliqués dans les efforts de sensibilisation. Des activités éducatives seraient
organisées pour encourager la compréhension et le respect mutuel entre les élèves, quels que
soient leurs antécédents ou leurs handicaps. Ces activités pourraient inclure des discussions en
classe, des projets collaboratifs, et des événements culturels et sportifs inclusifs. Les familles
aussi doivent jouer un rôle crucial dans la promotion de l’inclusion. Des séances d’information
et des rencontres peuvent être organisées pour sensibiliser les parents aux besoins spécifiques
de leur enfant et pour les impliquer dans la planification de son éducation.
Enfin, la législation en faveur de l’inclusion des élèves en situation de handicap pourrait être
renforcée. Cela comprendrait l’adoption de Nouvelles politiques éducatives inclusives, la
création de mécanismes de suivi et d’évaluation et l’élaboration de directives pour garantir
l’application effective des mesures d’inclusion. Ces politiques et législations fourniraient un
cadre juridique solide pour promouvoir l’inclusion et protéger les droits des élèves en situation
de handicap.
La Nation ne peut et ne doit se passer d’aucun de ses citoyens.
Par le Dr. Laurent Bonardi