Face au redressement fiscal qui risque d’étrangler des médias sénégalais à bout de souffle, Reporters sans frontières (Rsf) demande aux nouvelles autorités d’inciter la presse à entrer dans le processus de certification «Journalism trust initiative» (Jti) qu’il a initié pour promouvoir la production d’informations fiables. «La Jti initiée par le Rsf est un mécanisme de certification visant à distinguer positivement le journalisme fiable dans l’écosystème de l’information pour lui redonner un avantage concurrentiel, favorisant le droit à l’information des citoyens», explique Sadibou Marone soulignant qu’une cinquantaine de médias sénégalais sont engagés dans ce processus et qu’à ce jour, seuls Press Afrik et Financial Afrik sont certifiés. Le processus de certification de Rsf se déroule en trois étapes: une auto évaluation interne, la possibilité à l’issue de l’autoévaluation, de partager publiquement ces données et ainsi de communiquer en toute transparence des informations relatives à la propriété du média, à l’équipe de direction, à la mission éditoriale, au respect des règles déontologiques, etc. Puis, enfin un audit externe est proposé par un tiers indépendant en guise de certification et de la conformité du média et de ses pratiques à la norme Jti, souligne encore Sadibou Marone, selon qui, en procédant ainsi, les nouvelles autorités vont promouvoir un journalisme fiable et dans le même temps récupérer l’argent du fisc. «Des déductions fiscales pourraient être accordées à la fois aux médias qui font la démarche de certification (sur leurs frais d’audit, sur leurs cotisations sociales, etc.) mais aussi aux acteurs du marché qui investissent dans ces médias certifiés (annonceurs publicitaires, sponsoring, abonnements», a indiqué Rsf, en marge de son nouveau rapport sur «Le journalisme sénégalais à la croisée des chemins» publié, hier.
Dans ce document, l’Ong qui promeut la défense de la liberté de la presse de s’engager dans le chantier d’une meilleure transparence des médias et de leur financement, de supprimer les peines privatives de liberté pour les infractions de presse, de «mieux» assurer la protection des lanceurs d’alerte comme sources journalistiques. «Les journalistes particulièrement d’investigation, s’appuient souvent sur les lanceurs d’alerte pour remplir leur mission d’information en toute indépendance. La loi sur la protection des lanceurs d’alerte devra les reconnaître comme sources journalistiques bénéficiaires du régime de protection de la confidentialité», a, entre autres, souligné Rsf dans son rapport.
Ndèye M. SEYE
